La NBP ferme les yeux sur l'inflation
Qu'ont les banques centrales en commun à l'heure actuelle ? Leur vision de l'inflation (provisoire). Un tel consensus suscite - ou devrait pour le moins susciter - un scepticisme sain. Notamment lorsque l'inflation dépasse largement, et de manière inattendue, l'objectif. Comme c'est le cas en Pologne.
La banque centrale polonaise (NBP) vise une inflation de 2,5 %, avec une tolérance de 1 pp à la baisse comme à la hausse. En avril, l'augmentation moyenne des prix a atteint pas moins de 4,3 % en glissement annuel. La NBP ne s'est pourtant pas montrée très préoccupée durant sa réunion de politique. Beaucoup des facteurs, si pas tous les facteurs, qui poussent l'inflation à la hausse sont de nature temporaire. La banque pointe, entre autres, les perturbations dans les chaînes logistiques, mais aussi les effets de base des prix du pétrole, de l'alimentation et de l'électricité. De plus, les banques centrales sont surtout attentives à l'inflation corrigée de ces éléments. Mais cela pose tout de même un léger problème dans le cas de la Pologne, où ces trois éléments pèsent grosso modo 40 % du panier des consommateurs. La NBP s'attend à ce que l'inflation reste supérieure au plafond autorisé de 3,5 % dans les prochains mois, avant de repartir à la baisse en 2022. D'ici là, l'évolution des prix sera dictée par l'économie et le marché de l'emploi (et l'inflation des salaires). L'avenir s'annonce positif, mais incertain. La Pologne est parvenue à endiguer une troisième vague totalement hors de contrôle grâce à des mesures strictes. L'économie va bientôt se redresser de manière significative grâce à une forte reprise de la demande intérieure et mondiale, mais pas sans une politique extrêmement accommodante, avec un taux directeur de 0,1 % et un programme d'assouplissement quantitatif.
La NBP maintient sa position neutre, adoptée récemment, vis-à-vis du zloty. La banque estime que la monnaie polonaise est pour le moment suffisamment faible. À 4,57, le cours EUR/PLN ne se trouve pas si loin des plafonds atteints pendant la pandémie (planchers pour le zloty). La paire de devises pourrait continuer à évoluer autour de ce niveau tant que la NBP fermera les yeux sur l'inflation. Il faudrait néanmoins que celle-ci commence à se replier et qu'une normalisation de politique commence d'une manière ou d'une autre à être envisagée. Faute de quoi, le pays risque de connaître un cercle vicieux d'une inflation (attendue) plus élevée, de taux réels (plus) négatifs et d'un zloty (plus) faible. Regardez ce qui se passe en Hongrie.
Norges Bank
Petit détour par Oslo... La Norges Bank a décidé de maintenir sa politique de taux zéro lors de sa réunion de politique intermédiaire ce matin. "Et quid des achats d'obligations ?" La banque centrale norvégienne n'a aucun programme de ce type en cours. En mars, la banque s'était montrée plus optimiste vis-à-vis de l'économie. La Norvège tournera la page de la pandémie plus rapidement que prévu, avec une croissance de 3,8 % cette année, 3,4 % en 2022 et environ 1 % les deux années suivantes. Ces prévisions n'ont quasiment pas été modifiées même si la banque a ajouté que les mesures de lutte contre le coronavirus avaient été quelque peu renforcées ces derniers mois. L'inflation (de base) est restée relativement élevée en mars en Norvège, mais l'appréciation de la couronne norvégienne et la pression modérée sur les prix vont la faire converger vers l'objectif de 2 %. La Norges Bank a toujours l'intention de relever son taux directeur vers la fin du second semestre. Ce soutien des taux, combiné à un cours du baril dopé par la reprise mondiale, devrait, selon nous, continuer à jouer en faveur de la couronne norvégienne. À 10, le cours EUR/NOK est un peu trop élevé, mais cela ne devrait pas durer. Le prochain seuil technique se situe donc à EUR/NOK 9,83.