La RBA ne fléchit pas et prône une politique généreuse
La banque centrale australienne (RBA) ne s’attend pas à ce que la pénurie sur le marché de l’emploi se traduise par une pression à la hausse sur les salaires avant 2024. Avec cette pression sur les salaires, l’inflation sous-jacente devrait renouer de manière durable avec l’objectif de 2 %-3 % en 2024 au plus tôt.. Par conséquent, toutes choses étant égales par ailleurs, la RBA ne s'attend pas à devoir procéder à un premier relèvement de taux (actuellement à 0,10 %) avant 2024 au plus tôt. Le dollar australien n'a pas beaucoup réagi. Le cours AUD/USD s’est replié en direction de 0,77 sous l’impulsion d’un dollar un peu plus fort. D’un point de vue technique, la paire de devises se situe entre 0,7550 et 0,80 depuis le début de l’année. Pour l’instant, il n'y aucune raison de penser que cet équilibre pourrait être rompu.
Le gouverneur Lowe et ses collègues placent la barre très haut. Ces derniers ne tiennent visiblement pas compte de la reprise économique. Une nouvelle révision à la hausse situe désormais la croissance à 4,75 % en 2021 et 3,5 % en 2022. La flambée historique sur les marchés des matières premières constitue un sérieux coup de pouce pour le fournisseur chinois. Les banquiers centraux ne sont pas (encore) satisfaits de la situation sur le marché de l’emploi, même si le nombre d’Australiens ayant un travail est aujourd'hui plus élevé qu'avant la pandémie. Le taux de chômage est retombé d’un pic de 7,5 % en juillet à 5,6 % en mars. Et la RBA table sur un nouveau recul en direction de 5 % à la fin de cette année et 4,5 % à la fin 2022. Ce n’est qu’alors que nous nous approcherons peu à peu du plein emploi. Enfin, l’évolution du marché immobilier mérite une attention particulière. La faiblesse des taux d’intérêt stimule le nombre de demandes de crédit hypothécaire et fait grimper tous les prix de l’immobilier.
À court terme, la question inverse pourrait même se poser : la RBA doit-elle encore prolonger sa politique monétaire accommodante ? En juillet, la banque centrale se penchera sur l’échéance de son programme d’achat d’obligations. Dans l'optique d'un "jamais deux sans trois", la possibilité d’une nouvelle enveloppe de 100 milliards de dollars est sur la table. Le contrôle de la courbe des taux est également évoqué. La banque centrale australienne applique un plafond de 0,1 % pour le taux à 3 ans. Dans la pratique, cela signifie qu’elle achète des obligations d’État jusqu’à échéance en avril 2024 si l’objectif de 0,1 % est compromis. Le plafond ne sera pas remis en cause en juillet, mais bien la question d'une prolongation du programme obligataire jusqu’en novembre 2024. Sur papier, cela semble être une formalité, mais le fait de s'en tenir à avril 2024 pourrait être interprété comme le signe du début de la fin de l’expérience de contrôle de courbe.
Sur le fond, la déclaration de politique pointe clairement vers une prolongation de la politique accommodante. Nous serons toutefois encore attentifs à deux choses dans un avenir proche. Pour commencer, les prévisions détaillées de la RBA ne seront publiées que vendredi. Ensuite, le ministre des Finances, Josh Frydenberg, présentera mardi prochain son projet de budget pour l’exercice 2022. Le déficit s'est avéré beaucoup moins important que redouté en 2021 et constituera donc une base plus solide pour l’année qui vient. Une réduction de l’émission nette de dette signifie que la RBA devra peut-être intervenir de manière moins drastique pour obtenir le même effet.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC