Les PMI soulignent la reprise européenne
Les PMI européens ont créé la surprise au mois d’avril, dans le bon sens: l’indicateur composite indique que la reprise dans la zone euro gagne du terrain, moins et moins souvent entravée par les vagues de coronavirus et les mesures de restriction associées. Ce succès est principalement dû aux chiffres record enregistrés par l’industrie manufacturière axée sur les exportations, bien que le secteur des services axé sur le marché intérieur se reprenne prudemment pour la première fois depuis le mois d’août.
Le PMI global a grimpé à 53,7 en avril, le niveau le plus élevé depuis le sommet post-pandémie de juillet (55,9). Des niveaux supérieurs à la barre neutre de 50 sont annonciateurs de croissance. Le PMI de l’industrie manufacturière a notamment atteint 63,3, son niveau le plus élevé en près de 25 ans d’enquêtes. De son côté, le PMI du secteur des services est passé de 49,6 à 50,3. Les détails montrent que les carnets de commandes de l’industrie manufacturière débordent, alors que dans le secteur des services, ils atteignent enfin une quasi-stabilité après des mois de régression. L’industrie manufacturière est donc confrontée au plus grand retard de production en plus de 3 ans, malgré un nombre record de recrutements depuis novembre 2018. L’amplitude est beaucoup plus faible du côté des services, mais pour la première fois en plus d’un an, il est également question d’une accumulation de travail et d’une reprise prudente du recrutement. En outre, les entreprises interrogées semblent voir l’avenir en rose.
Les réponses aux questions des enquêtes PMI qui sondent la pression sur les prix sont unanimement positives. Du côté des producteurs, c’était déjà le cas depuis un certain temps. Les prix des intrants ne cessent d’augmenter, au rythme le plus rapide de la décennie écoulée. Une demande record, la hausse des prix des matières premières et les perturbations persistantes dans les chaînes de production et de transport internationales demeurent des facteurs néfastes, surtout dans l’industrie manufacturière. Les producteurs parviennent de mieux en mieux à répercuter ces coûts sur le client final, ce qui se traduit par une forte augmentation de la composante des prix à l’output. IHS Markit, l’organisme qui publie les PMI, met en garde contre une période de forte hausse de l’inflation dans les prochains mois.
En attendant, les PMI ont consolidé les bonnes performances de l’euro ce mois-ci. Le cours EUR/USD est passé de 1,20 à 1,2050. Au cours de la séance américaine, la faiblesse du dollar a encore permis de tester le niveau de résistance de 1,2103. Il s’agit de 62% du niveau de la reprise enregistrée sur la baisse du cours EUR/USD au premier trimestre. Cette barrière franchie, le sommet de la reprise de 1,2349 sera en vue. Pour l’instant, les marchés des taux européens hésitent encore à jouer à nouveau la carte de la reflation. Néanmoins, le taux swap européen à 10 ans et le taux allemand à 10 ans se rapprochent de niveaux de résistance cruciaux (respectivement de 0,10% et -0,20%). Une rupture à la hausse n’est probablement qu’une question de temps et pourrait dès lors entraîner l’euro jusqu’au sommet de la reprise.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC