La BCE donne rendez-vous au marché en juin
Rien de neuf. Voilà comment on pourrait résumer la réunion de politique de la BCE qui s'est tenue hier. Il faut admettre que les attentes n’étaient de toute façon pas élevées. Il s’agissait plutôt d’une réunion intermédiaire, sans nouvelles prévisions de croissance ou d’inflation. Le statu quo était donc prévisible. Mais tout de même...
La BCE n’a pas touché aux paramètres de sa politique. Le principal taux directeur est maintenu à -0,5% et l’enveloppe du programme d'achats d'obligations PEPP totalise toujours 1 850 milliards d’euros. La banque centrale en a déjà dépensé environ 975 milliards. À la mi-mars, elle avait promis une accélération du rythme des achats dans le courant de ce trimestre. Et ce, dans un contexte de forte hausse des taux, dont la banque centrale craignait qu'elle ne mine la reprise économique. Depuis lors, la moyenne mobile sur quatre semaines des achats est passée de 14 à 16 ou 17 milliards par semaine. La BCE envisage de maintenir ce rythme accéléré durant ce trimestre. Mais les journalistes qui assistaient à la conférence de presse en ligne ont voulu savoir, tout comme le marché, quelle serait la prochaine l’étape. Une question qui avait le mérite d'être posée, mais que Christine Lagarde a facilement éludée. "Nous n’avons pas parlé du PEPP." Lorsque la question a été posée pour la troisième fois, la patronne de la BCE a tout de même lâché quelques informations supplémentaires. Deux facteurs déterminent le rythme du PEPP : les conditions financières et les perspectives de croissance et d’inflation. Lagarde s’est montrée satisfaite des premières. La hausse des taux d’intérêt européens entamée au premier trimestre s’est poursuivie, mais à un rythme moins soutenu. Les points d'interrogation sont en revanche encore nombreux en ce qui concerne la croissance et l’inflation. L’économie s'est contractée au premier trimestre probablement à cause des restrictions liées au coronavirus et au nombre élevé de contaminations. La campagne de vaccination en cours offre cependant une lueur d'espoir, en particulier pour le secteur des services. Les risques sont donc baissiers à court terme et équilibrés à moyen terme. Dans ce contexte d’incertitudes, la BCE préfère donc disposer de prévisions plus récentes et peut-être plus claires avant d'évaluer plus en profondeur son programme PEPP. Il faudra donc attendre le 10 juin, même si certains faucons monétaires de la BCE se font déjà clairement entendre et plaident en faveur d’une réduction progressive compte tenu de l’accélération attendue de la croissance.
La réaction du marché a été à l'image de la réunion. Pendant la conférence de presse, les taux européens sont temporairement retombés de leurs plus hauts du jour vers les niveaux qu'ils avaient en ouverture de séance. Mais le taux allemand à dix ans a, par exemple, pu facilement continuer à profiter du soutien de la tendance haussière. Les taux d’intérêt ont finalement clôturé la journée sur un léger gain d’environ un point de base. Le cours EUR/USD a fluctué au sein d'une fourchette étroite située entre 1,20 et 1,205, pour terminer dans le bas de cette fourchette. Nous surveillerons si la zone de support de 1,20 survivra à la semaine. Il s'agit d'un point positif (en tout cas pas négatif) sur le plan technique. Un coup de pouce est d"ores et déjà venu de l’indice PMI de confiance des entrepreneurs européens. Après le non-événement de la BCE, le marché se tourne désormais vers la Fed, qui se penchera sur sa politique mercredi prochain. Nous sommes curieux de voir s’il y aura davantage de spectacle. Le contexte économique et sanitaire s’est en tous les cas fortement amélioré depuis la dernière réunion monétaire.