Prévisions économiques douces-amères de la CE

Les marchés

La Commission européenne (CE) a publié ses Prévisions économiques de l'hiver 2021 ce 11 février. Celles-ci donnent une mise à jour économique des prévisions plus détaillées que la CE publie deux fois par an, au printemps et à l'automne. En ces temps exceptionnels, marqués notamment par une volatilité macroéconomique extrême, ces mises à jour sont plus que nécessaires pour intégrer les dernières évolutions de l'économie et de la pandémie. Ainsi, les dernières prévisions de la CE (parues en automne) ne tenaient pas (suffisamment) compte de la deuxième vague de la pandémie, du durcissement des mesures de restriction, des campagnes de vaccination, de l'approbation du fonds de relance européen ou de l'accord final sur le Brexit.

Commençons par la bonne nouvelle. La CE voit la crise du Covid se terminer plus tôt. Elle s'attend à présent à ce que l'économie de l'UE - avec une croissance de 3,7% en 2021 et 3,9% en 2022 - renoue avec son niveau de PIB d'avant la crise en 2022, soit plus tôt que dans ses prévisions précédentes (fin 2023). Mais - et c'est la (plus) mauvaise nouvelle - la reprise économique manquera de vigueur tant que la pandémie ne sera pas suffisamment sous contrôle. Cette vision transparaît également dans les prévisions de l'hiver. Malgré des effets d'entraînement positifs et des chiffres supérieurs aux attentes pour 2020, la CE a revu ses prévisions de croissance pour 2021 et 2022 à la baisse. C'est en grande partie la conséquence de l'impact toujours négatif de la pandémie sur l'activité économique au premier semestre 2021, qu'elle estime désormais plus important que dans ses prévisions d'automne. La Commission s'attend à ce que la croissance ne s'accélère qu'à partir du second semestre, une fois que l'avancée des vaccinations permettra un assouplissement progressif des mesures liées au coronavirus. En ce sens, les prévisions de la CE évoluent en direction du scénario de KBC Economics.

Les prévisions de la CE restent par ailleurs très disparates d'un État membre à l'autre. La lumière au bout du tunnel ne brille pas de la même façon pour tous les pays. Les pays les plus touchés, comme l'Italie et l'Espagne, ne devraient ainsi pas avoir retrouvé leur niveau de PIB d'avant la crise en fin 2022. Cela s'explique par les différences au niveau de la structure économique, de l'impact de la pandémie et de la réponse de la politique. Dans ses prévisions, la CE ne tient cependant pas compte de l'impulsion positive que le fonds de relance européen devrait donner à partir du second semestre (estimée en moyenne à 2% du PIB). Pour la Belgique, la Commission table sur une croissance de 3,9% en 2021 et 3,1% en 2022. Avec ces chiffres, la Belgique renouerait donc avec son niveau d'avant la crise à la mi-2022.

La Commission n'identifie aucun risque de dérapage de l'inflation à court terme. Les importants écarts de production et l'appréciation de l'euro offrent une certaine marge pour permettre à l'économie de progresser sans nécessairement connaître de fortes pressions structurelles sur l'inflation.

Enfin, le commissaire Gentiloni a encore indiqué que la CE examinerait dans les semaines à venir (la prolongation éventuelle de) la clause dérogatoire générale du PSC (abrogation temporaire des règles budgétaires européennes) et que, selon lui, la page de la crise n'aura pas nécessairement été tournée le 31 décembre 2021. Le débat sur d'éventuels incitants budgétaires supplémentaires en 2022 est donc ouvert.

Avec ces prévisions, la Commission européenne adopte une position plus modérée qui table sur une reprise progressive à partir du second semestre et ce, sans dépenses abruptes exceptionnelles. Des perspectives qui correspondent à notre vision. La mise à jour de février des prévisions économiques de KBC-Economics sera publiée le lundi 15 février.

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

Pays émergents sur la défensive à cause du dollar

Pays émergents sur la défensive à cause du dollar

Coup d'œil sous le capot américain

Coup d'œil sous le capot américain

La MNB en revient à la prudence

La MNB en revient à la prudence

Les PMI pointent une accélération de la croissance et de l’inflation dans l'UEM

Les PMI pointent une accélération de la croissance et de l’inflation dans l'UEM