Un goût de QE à la RBA
La banque centrale australienne (RBA) a tenu sa première réunion de 2021 ce matin. Les attentes n'étaient pas très élevées. La dernière injection monétaire date en effet seulement de novembre dernier. La RBA avait alors abaissé le taux directeur, l'objectif pour le taux à trois ans et le coût de sa facilité d'octroi de crédit (TFF) de 0,25% à 0,1%. Elle s'est également engagée pour la première fois dans un assouplissement quantitatif. Sur une période de six mois, la banque centrale achètera au total 100 milliards de dollars d'obligations d'État à raison de 5 milliards de dollars par semaine. En se concentrant sur les échéances de cinq à dix ans, la RBA a depuis lors placé son poids sur une partie importante de la courbe des taux.
Lorsque les attentes sont faibles, le risque de surprise est plus élevé. Ce matin, la RBA a laissé tous les paramètres de taux inchangés à 0,1%. En revanche, elle a décidé de procéder à un assouplissement quantitatif supplémentaire. La banque a en effet annoncé que le programme actuel, qui prendra fin à la mi-avril, sera suivi d'un second paquet identique. Le programme actuel sera donc multiplié par deux, en durée et en taille.
Le timing de ce nouveau stimulus a tout de même un peu de quoi surprendre. Tout d'abord parce que le ton adopté dans le communiqué accompagnant la décision ne laisse en rien présager ce type de mesure. La RBA explique ainsi que les perspectives économiques sont meilleures qu'il y a quelques mois. La reprise se déroule mieux que prévu. L'économie australienne devrait ainsi déjà renouer avec son niveau d'avant la crise au milieu de cette année. Lors de sa précédente réunion monétaire en décembre, la banque tablait encore sur fin 2021. Le marché de l'emploi se porte bien. Le taux de chômage est, de manière un peu inattendue, retombé à 6,6% en décembre. Le gouverneur, Philip Lowe, prévoit un taux de chômage de 5,5% d'ici la fin de l'année prochaine. Un taux qui se rapproche déjà fortement de la moyenne de 5,2% de 2019 et qui est meilleur que les 6% prévus en décembre. Comme dans de nombreux autres endroits du monde, l'inflation reste faible. La hausse moyenne des prix au cours du dernier trimestre de l'année dernière était encore inférieure à 1% en glissement annuel. La RBA ne s'attend pas non plus à ce qu'elle atteigne son objectif de 2-3% dans les années à venir. Cela s'explique notamment par le rythme de la croissance salariale, qui n'a jamais été aussi lent. La pression salariale devra donc d'abord augmenter de manière substantielle. Mais ce processus prendra du temps. Selon la RBA, cela devrait même durer jusqu'en 2024. Il ne faudra donc pas s'attendre à d'éventuelles hausses de taux avant cette date. Février
En outre, la banque centrale aurait pu encore conserver sa position attentiste. Elle se réunira en effet à nouveau en début mars, soit plus d'un mois avant la fin du programme d'achat actuel. La RBA voulait-elle couper court à toutes éventuelles spéculations autour de la fin du soutien monétaire? Peut-être. Début janvier, nous avons vu aux États-Unis comment les taux d'intérêt pouvaient rebondir une fois que ce spectre refait surface. Une hausse des taux d'intérêt pourrait profiter au dollar australien. Mais après l'important bond de sa monnaie, la RBA ne verrait certainement pas d'un bon œil. Ou la banque centrale craint-elle l'impact d'un démantèlement progressif des mesures de soutien budgétaires? Quoi qu'il en soit, les marchés ne s'attendaient pas encore à une telle annonce. Sachant cela, l'impact sur les marchés australiens reste très limité et surtout temporaire. Les taux d'intérêt australiens ont, dans un réflexe pavlovien, perdu quelques points de base, mais ont ensuite récupéré une grande partie de ces pertes. Le cours AUD/USD reste confortablement installé dans la partie haute de 0,76. Le cours EUR/AUD a atteint 1,58, mais n'a ensuite plus beaucoup bougé. La vigueur persistante du dollar australien devient tout doucement une épine dans le pied de la RBA.