Mission accomplie pour la BCE

Les marchés

Avec la décision de la BCE hier et les réunions de la Fed (mercredi 16/12), de la Banque d'Angleterre (jeudi 17/12) et de la BoJ (vendredi 18/12) la semaine prochaine, nous allons atteindre le point d'orgue monétaire de cette année 2020. Comme c'est l'usage aujourd'hui, le marché reçoit déjà de nombreuses indications à l'avance. La décision finale est donc rarement une grande surprise. En octobre, la BCE avait déjà promis de donner un coup de pouce supplémentaire à l'économie afin de compenser autant que possible les conséquences du nouveau rebond de la pandémie. Certains acteurs du marché avaient peut-être espéré un peu plus.

Commençons par les grandes lignes d'une longue série de mesures souvent techniques. La BCE a décidé d'augmenter le montant de ses achats dans le cadre de son programme d'achat de crise PEPP de 500 milliards d'euros à 1 850 milliards d'euros. Les achats nets seront prolongés de 9 mois, jusqu'en mars 2022. Et le portefeuille existant sera réinvesti au moins jusque fin 2023. Afin de continuer à faciliter l'octroi de crédit lors de la reprise (post-)coronavirus, la BCE prévoit pour l'année prochaine trois opérations de financement TLTRO supplémentaires, lesquelles permettront aux banques de se financer à des conditions plus avantageuses à condition de remplir des objectifs (un peu plus stricts) en matière d'octroi de crédit. Enfin, nous l'aurions presque oublié, les taux directeurs (l'instrument de politique par excellence auparavant) n'ont pas été modifiés (-0,5% pour le taux de dépôt). D'un point de vue économique, la décision a été étayée par de nouvelles prévisions. La nouvelle vague de coronavirus a mis fin à la (forte) reprise du troisième trimestre. Cela se traduit par une croissance plus faible pour l'année prochaine (3,9% au lieu de 5%). Une nette amélioration est en revanche prévue pour 2022 (4,2% au lieu de 3,2%). Pour 2023, la BCE table sur une croissance plus "normale" de 2,1%. L'inflation restera quant à elle largement inférieure à l'objectif de 2% pendant toute la période visée (1,4% en 2023).

La BCE souligne qu'elle continuera à tout mettre en œuvre pour soutenir l'économie. Elle n'a cependant pas été au-delà des attentes du marché. Elle veut maintenir un environnement monétaire très souple pour guider l'économie à travers les nouvelles émissions de coronavirus, mais ne vise pas  un nouvel assouplissement. La raison? Elles peuvent être diverses. La BCE veut-elle encore se garder quelques munitions sous la main? Voit-elle déjà un peu plus de lumière au bout du tunnel grâce au vaccin? S'agirait-il d'un compromis classique entre différentes visiosn? Quoi qu'il en soit, nous voyons la décision d'hier comme la clôture d'une période/d'un cycle. 

C'est apparemment aussi comme cela que le marché le voit. Les taux, qui étaient en baisse en attendant la décision, ont rebondi précisément au moment où cette décision a été mise en ligne. Précisons toutefois que le taux allemand à 10 ans (-0,62%) se trouve toujours à  proximité de son récent plancher. À cet égard, on peut imaginer que les investisseurs ne veulent pas se défaire de ces obligations sûres, alors qu'un "risque événementiel" politique comme le Brexit n'est toujours pas sous contrôle. Nous partons toutefois du principe que le cycle (monétaire) est arrivé à son terme et que les taux dans l'UEM vont progressivement repartir vers le haut, un phénomène qui se dessine déjà aux États-Unis.

Enfin, il y a bien entendu l'euro. La hausse du cours EUR/USD est surtout liée à la faiblesse du dollar, mais elle complique la réalisation de l'objectif d'inflation. Lagarde a expliqué que la BCE suivait l'affaire de près, sans toutefois faire de grandes déclarations. L'annonce la plus marquante est venue ce matin du gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, qui a menacé de déployer les grands moyens si l'euro devenait trop fort. Nous ne sommes pas vraiment fans de ce type d'interventions verbales. Si, en tant que banque centrale, vous ne parvenez pas à concrétiser votre menace, cela risque même de devenir contre-productif. Comme pour les taux et leur plancher, nous pensons que, si le reflation générale se poursuit, la paire EUR/USD bénéficiera également d'un solide soutien.

Figuur - Taux à 10 ans allemand : bientôt le creux du cycle?    

Bron: Bloomberg

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