Pause bienvenue pour le rally du risque (?)
Pour certains d'entre nous, l'éclipse de Lune de cette nuit/ce matin n'était pas la seule raison de mettre le réveil plus tôt. Vers 3 heures, heure belge, la Chine publiait en effet ses taux de croissance pour le quatrième trimestre. Les astronomes ont cependant été davantage récompensés de leur effort matinal que les passionnés d'économie, car la croissance chinoise correspondait parfaitement au consensus. Au dernier trimestre de 2018, l'économie a signé une croissance de 1,5% en glissement trimestriel, soit 6,4% en rythme annuel (6,6% pour la totalité de 2018). Elle a ainsi égalé son rythme du premier trimestre de 2009, autrement dit le niveau le plus bas depuis le début des "mesures" en 1992. Les investissements ont de justesse déçu les attentes pour la totalité de 2018 (5,9% en glissement annuel). Les résultats légèrement meilleurs que prévu des ventes au détail et de la production industrielle (données de décembre) offraient en revanche une lueur d'espoir. Cependant, la faiblesse des taux de croissance n'a pas empêché l'Asie pour poursuivre sa remontée. La réaction des bourses asiatiques exprimait surtout le soulagement. À leurs yeux, les chiffres indiquent une stabilisation progressive du ralentissement de la croissance.
L'Europe ne partageait pas l'optimisme asiatique. Les bourses européennes sont légèrement dans le rouge. Compte tenu de la vigoureuse remontée observée depuis le début de l'année, cela n'a rien d'étonnant. À la clôture vendredi dernier, le DAX allemand affichait par exemple un niveau d'un peu moins de 8% supérieur à celui du début d'année. L'évolution que nous observons aujourd'hui est au moins pour une part dictée par le sentiment. Les investisseurs abordent la semaine avec un peu plus de prudence en prévision de plusieurs publications et événements cruciaux. La première ministre May va notamment présenter tout à l'heure son plan B pour le Brexit après le rejet, mardi dernier, de sa proposition initiale par le parlement britannique. Le moins que l'on puisse dire, cependant, est que les attentes ne volent pas bien haut. Il est probable que la proposition soit davantage de nature à souligner l'impasse du Brexit qu'à y remédier. La journée de demain marquera quant à elle le coup d'envoi du Forum Économique Mondial à Davos. Quatre jours durant lesquels le gratin du monde politique et économique se risquera sans doute çà et là à quelques propos audacieux, même si l'absence du Royaume-Uni (Brexit) et surtout des États-Unis limite nettement le spectacle. Jeudi, la zone euro sera l'épicentre de l'attention. Les premiers indicateurs de confiance (PMI) de 2019 devraient selon les attentes révéler une évolution stable voire en légère hausse. Vu la détérioration quasi persistante de la confiance en 2018, et en particulier au dernier trimestre, cette hypothèse est plausible. Les niveaux actuels (51,1 dans la zone euro) tiennent selon nous suffisamment compte des mauvaises nouvelles. La BCE tiendra sa première réunion de l'année dans le sillage de la publication des PMI. Le mois dernier, la banque centrale a revu ses prévisions de croissance à la baisse. Elle a en outre attiré l'attention sur les risques accrus qui déséquilibrent peu à peu l'évolution de la croissance. Il est toutefois sans doute encore trop tôt pour une adaptation de la "guidance" en la matière. Nous nous attendons de la part de Mario Draghi à un discours nuancé, reconnaissant les risques mais restant néanmoins optimiste au sujet de la croissance.
Le "shutdown" américain n'a toujours pas été levé. Le compromis dont Donald Trump avait fait tout un plat samedi a été immédiatement rejeté par les Démocrates. Jamais l'on n'avait été plus loin d'une solution qu'aujourd'hui. Toujours aux États-Unis, la saison des résultats s'apprête à passer à la vitesse supérieure. Les premières entreprises extérieures au secteur financier vont à présent publier leurs résultats et lever un coin du voile sur la croissance future. Les marchés suivent les événements avec méfiance. Compte tenu de toutes ces incertitudes, la pause observée en ce moment par les bourses est compréhensible. Dans l'intervalle, le marché des changes se laisse lui aussi envahir par le doute. La progression du différentiel EUR/USD observée ce matin n'a été que de courte durée. La paire de devises affiche à nouveau ses niveaux de l'ouverture (1,137). Le taux allemand à dix ans a lui aussi reculé d'un cran.