Le dollar succombe à ses blessures
Le dollar américain est en perte de vitesse. Depuis les élections présidentielles de début novembre, la variante pondérée des échanges commerciaux (DXY) a connu une chute au ralenti de 94 vers son plancher annuel précédent de 91,74 frôlé vendredi dernier. Nous écrivons “précédent”, car aujourd’hui, même cette zone de support succombe (temporairement) à la pression baissière. D’un point de vue technique, une rupture persistante ouvrira d’abord la voie vers la zone de 91. Nous nous rapprocherons ensuite de 88,25, le point le plus bas de 2018. En ce qui concerne le différentiel EUR/USD, le pic de 1,2011 de 2020 se profile à l’horizon maintenant que le seuil de résistance intermédiaire de 1,1966 a été franchi ce matin. Cette semaine clé pour le commerce pourra-t-elle encore inverser la tendance pour la devise poussée dans ses retranchements?
Traditionnellement et surtout aux États-Unis, la première semaine du mois va de pair avec la publication de quelques chiffres économiques importants. À cet égard, l’indicateur ISM de confiance des entreprises pour l’industrie manufacturière ouvrira le bal dès demain. Le secteur des services suivra jeudi. La semaine dernière, un PMI particulièrement robuste avait encore de justesse sauvé les meubles pour le dollar; c’était un répit temporaire, comme nous le constatons aujourd’hui. Cela signifie que cette fois, les indicateurs devront être exceptionnellement bons pour que le billet vert redresse la barre. Ce sera difficile, car les restrictions instaurées par un nombre croissant d’États pour endiguer la troisième vague de coronavirus grippent l’activité américaine. Dans la même veine, une autre planche de salut du dollar, les payrolls, risque de décevoir les attentes vendredi. La semaine dernière, les demandes de chômage hebdomadaires ont en tout cas augmenté pour la deuxième fois consécutive pour la première fois depuis le mois de mars.
Par ailleurs, la banque centrale américaine se réunira plus tard ce mois-ci. Généralement, lorsqu’une annonce importante se prépare, Powell le fait clairement savoir à l’avance. Jusqu’à nouvel ordre, ce n’est pas vraiment le cas. Le procès-verbal de la réunion de politique précédente suggérait cependant que la Fed associerait bientôt sa politique d’achat d’obligations à certains objectifs économiques, la fameuse “forward guidance”. Cette semaine, le président de la Fed expliquera la politique monétaire devant le Congrès américain. Donnera-t-il déjà plus de détails sur la forward guidance? Quoi qu’il en soit, la Fed ne sera pas pressée de normaliser sa politique, car la conjoncture économique est nettement moins favorable qu’il y a quelques mois avec la détérioration de la situation sanitaire. Le dollar pourrait donc rester sous pression.
Pour le différentiel EUR/USD, nous guettons avec impatience la réunion des ministres européens de l’économie et des finances cette semaine. Le Brexit n’est pas un point à l’ordre du jour, mais le thème sera sans doute abordé officieusement. Dernièrement, le ton a été constructif: selon le ministre britannique des Affaires étrangères Raab, un compromis sur les aides d’État et la concurrence loyale est en vue et l’UE acceptera une période transitoire pour la pêche à partir du 1er janvier. Ces derniers mois, l’euro a fait preuve d’une certaine indifférence vis-à-vis de la saga du Brexit. Mais si l’UE et le Royaume-Uni atteignent effectivement la ligne d’arrivée (cette semaine?), ce sera toujours un soupçon d’incertitude en moins pour l’euro. Le cap EUR/USD 1,2011 est en vue… Avez-vous encore notre faire-part de décès du dollar du 1er septembre sur la cheminée?