Les marchés font l’impasse sur des PMI obsolètes
Aujourd’hui, IHS Markit a publié les indicateurs PMI mensuels de confiance des entreprises. Au fil des années, ces indicateurs ont acquis la réputation d’être un instantané fiable de la santé économique. Mais en cette période de Covid-19 en évolution rapide, pour les marchés, même l’instantanéité semble prendre des allures d’obsolescence. Voyons cela de plus près.
En novembre, la confiance des entreprises dans le secteur des services a encore été mise à rude épreuve. La deuxième vague de coronavirus s’est déclarée, avec un cortège de restrictions. En France, la série a plongé encore plus profondément sous la barre des 50 points neutres pour la croissance en passant de 46,5 à 38, soit un résultat pire que les 39,6 points attendus. En Allemagne, la baisse s’est limitée à 46,2 points (contre 49,5 points en octobre). Pour l’Europe, la série est tombée de 46,9 à 41,3 (contre 42 attendus). Cependant, ce n’est rien par rapport aux records baissiers enregistrés en mars et en avril. Il s’agit en partie d’un effet statistique (le mois d’octobre offre une base de comparaison inférieure à celle du mois de février), mais aussi d’une conséquence de stratégies de confinement européennes plus ciblées. Néanmoins, les carnets de commandes des entreprises européennes en souffrent, de par un net recul des commandes entrantes (pensez à l’horeca ou encore à l’industrie du tourisme et des voyages). La confiance générale dans l’industrie manufacturière en prend également un coup: l’Europe accuse une chute de 54,8 à 53,6 points. Au niveau des pays individuels, la reprise française a replongé sous les 50 points ces derniers mois (49,1). L’Allemagne ne connaît qu’une légère baisse, en passant d’un niveau déjà impressionnant de 58,2 à 57,9. Cela s’explique par le fait que contrairement à la France, l’industrie manufacturière allemande peut compter sur une augmentation du nombre de commandes entrantes. Les exportations vers l’Asie surtout se portent bien.
Ce mois-ci, les nouvelles de l’emploi sont cependant meilleures. Les perspectives générales pour l’Europe restent extrêmement précaires, mais la dynamique est bonne. Bien que le secteur privé français ait réduit ses effectifs, il s’agit de la réduction la moins marquée depuis le début de la pandémie. L’Allemagne a même fait état d’une hausse générale pour la première fois depuis le mois de février, grâce à une vague de recrutements dans le secteur des services. IHS Markit signale notamment que certaines entreprises allemandes se préparent à affronter des mois chargés. Enfin, les attentes pour les 12 prochains mois sont prometteuses. Si l’industrie manufacturière est optimiste, la percée récente dans la course au vaccin met aussi du baume au cœur du secteur des services. En somme, l’année 2021 s’annonce meilleure.
Comme nous l’avons dit, la perspective d’un vaccin a radicalement changé le scénario opérationnel des marchés: nous passerions de confinements ponctuels à un retour à la normale. C’est pourquoi les indicateurs PMI d’aujourd’hui étaient des nouvelles obsolètes par avance. En fait, ils devraient également capter les attentes sur 12 mois. Du point de vue du marché, des indicateurs fortement décevants auraient peut-être été encore plus intéressants: la douleur économique à court terme aurait-elle attiré l’attention des investisseurs? Quoi qu’il en soit, le marché classe rapidement le résultat actuel: le quatrième trimestre ne sera pas bon, mais les investisseurs se focalisent sur la reprise attendue en 2021. Les bourses européennes se portent bien. Le taux allemand à dix ans se relève de son plancher journalier. Nous attendons de voir si le marché des taux saura poursuivre le processus de stabilisation graduelle entamé après la baisse de la semaine dernière. Aux alentours de 1,188, la paire EUR/USD s’accroche aux gains journaliers précédents. Si le plancher des taux se maintient, cela pourrait enfin entraîner une rupture du différentiel EUR/USD au-delà du niveau de résistance de 1,19 qui a déjà été testé à plusieurs reprises.