La poussée du coronavirus ne fait pas trembler la CNB
Hier, la banque centrale tchèque (CNB) a réuni ses troupes pour se pencher sur la politique monétaire. Depuis le mois de mai, l'orthodoxe CNB mène une politique de taux d'intérêt quasi nul (0,25%). La banque centrale ne veut pas entendre parler de mesures non conventionnelles, comme l'achat d'obligations d'État ou un nouvel abaissement de taux en territoire négatif. Même aujourd'hui que la Tchéquie est le pays européen avec le plus de cas de contaminations, la banque centrale évoque davantage des hausses que des baisses de taux dans ses nouvelles prévisions. Ainsi, grâce à la forte reprise observée au troisième trimestre, l'économie devrait se contracter un peu moins que prévu initialement en 2020 (-7,2% en glissement annuel au lieu de -8,2%). La deuxième vague de la pandémie a néanmoins poussé la banque à réduire de moitié ses prévisions pour 2021, de 3,5% en glissement annuel à 1,7%. L'inflation a fait l'objet d'un ajustement marginal. Celle-ci se situe depuis déjà quelques mois au-dessus de l'objectif de 2%. La CNB estime qu'elle se situera encore dans la marge de tolérance de 1% ce trimestre, pour finir aux alentours de 2% à la fin de l'année prochaine. La banque table à cet effet notamment sur un renforcement progressif de la couronne tchèque jusqu' à 26 EUR/CZK fin 2021/début 2022.
Les prévisions de taux modélisées de la CNB laissent supposer un statu quo à court terme. La deuxième vague du coronavirus actuelle ne faisait pas partie du scénario de base. Cela n'empêche toutefois pas la CNB de tabler sur un resserrement monétaire graduel en 2021. Cela a de quoi surprendre. Le gouverneur de la CNB a néanmoins apporté quelques nuances par le suite en expliquant que la normalisation de politique se ferait peut-être attendre un peu plus longtemps. Mais le message est clair: la barre pour un nouvel abaissement de taux est placée haut. Si ce deuxième choc inattendu provoqué par le coronavirus ne parvient pas à convaincre la CNB, qu'est-ce qui le fera? Hier, les taux du marché monétaire tchèque ont grimpé de quelques points de base et la baisse du cours EUR/CZK s'est accélérée. La paire de devises a clôturé autour de 26,65 après une performance déjà solide les jours précédents.
Petit détour par les États-Unis. Hier, la banque centrale américaine a décidé de sa politique monétaire un jour plus tard que d'habitude. Vous avez manqué la conférence de presse? Ce n'est pas grave, car le président Powell n'avait pas grand-chose à dire. À la lecture du communiqué d'introduction, il était déjà clair qu'il ne fallait pas s'attendre à beaucoup de changements par rapport à la dernière fois. De la session de questions-réponses, nous retiendrons surtout que Powell s'inquiète particulièrement de la recrudescence de la pandémie. Il a en outre constaté que les ménages commençaient doucement à puiser dans leur épargne, maintenant que les différentes mesures de soutien budgétaires ont expiré. Le nouveau président – qui que ce soit – aura intérêt à se mettre au travail le plus rapidement possible. Le président de la Fed estime que la banque centrale en fait suffisamment à l'heure actuelle. La Réserve fédérale achète des obligations d'État à concurrence de 80 milliards de dollars par mois. Ces achats permettent de comprimer les taux à long terme et de stimuler l'octroi de crédit. Powell n'a pas laissé d'indices quant à d'éventuelles nouvelles interventions dans un avenir proche. Cela n'est d'ailleurs pas nécessaire. Les taux américains ont en effet considérablement baissé suite aux élections présidentielles. Le marché a fortement revu à la baisse ses prévisions de programme de relance ambitieux sous Biden étant donné les divisions attendues au Congrès (Sénat aux mains des républicains?). Le taux américain à dix ans s'est par exemple de nouveau installé dans sa fourchette de 0,55/0,78%. Il y a deux jours, il s'élevait encore à 0,94%. La réaction du marché est logiquement restée limitée après la réunion de la Fed. Tant les taux américains que le dollar (EUR/USD dans la partie inférieure de 1,18) ont fait du surplace autour de leurs planchers du jour. Après les mouvements marqués de ces derniers jours, nous pensons que les taux d'intérêt et le dollar se stabiliseront aux alentours de leurs niveaux actuels à court terme.