La RBA tire une nouvelle salve
La banque centrale australienne (RBA) s'est penchée sur sa politique monétaire ce matin. Au centre des discussions, une reprise économique prématurée qui risque d'être rattrapée par la nouvelle poussée du coronavirus. De nombreux pays ont récemment pris de nouvelles mesures en vue d'endiguer la propagation du virus, certains ayant même pris la décision de reconfiner. L'Australie vient, quant à elle, à peine de tourner la page des "lockdowns". Dans l'État de Victoria, qui représente environ un quart du PIB australien, des mesures très strictes ont été appliquées entre juillet et le milieu du mois passé. La RBA n'a donc pris aucun risque et a opté pour un nouvel assouplissement monétaire.
Le gouverneur de la banque centrale, Philip Lowe, a abaissé le taux directeur et le taux de sa facilité d'octroi de crédit (TFF) de 15 pb, de 0,25% à 0,10%. L'objectif du taux à trois ans reste fixé au même niveau. La RBA procède pour cela à des achats d'obligations d'État ciblés. Elle a en outre annoncé un programme d'achat supplémentaire de 100 milliards de dollars australiens, un montant qui correspond à environ 5% du PIB du pays. Dans ses achats, qui seront étalés sur une période de six mois, la banque centrale se concentrera principalement sur les obligations d'une durée de cinq à dix ans. Lowe a souligné qu'il ne s'agissait en aucune manière d'une extension de la stratégie d'ancrage des taux telle qu'actuellement appliquée avec le taux à trois ans. Il maintient une certaine flexibilité tant au niveau de la taille du programme qu'au niveau des échéances visées. Lowe souffle le chaud et le froid à propos de la possibilité de faire passer les taux d'intérêt en territoire négatif. L'idée n'est actuellement pas très populaire, mais pourrait devenir plus concrète si d'autres banques centrales décident de tenter l'expérience.
Le timing de ce nouveau stimulus monétaire peut paraître étrange à première vue. La banque centrale reconnaît en effet que les conséquences économiques du virus ont été un peu moins fortes qu'initialement redouté. En outre, les données récemment publiées se sont aussi avérées légèrement meilleures que prévu. Après la deuxième vague de juillet/août, la pandémie semble de nouveau sous contrôle dans le pays. Les perspectives de croissance à court terme sont dès lors légèrement plus encourageantes. Mais à moyen terme - l'horizon de politique de la RBA -, la banque s'attend à une trajectoire économique poussive et cahoteuse. Lowe met en garde contre le fait que la récession n'est peut-être pas encore terminée. En outre, l'inflation restera probablement (largement) inférieure à l'objectif de 2-3% dans les prochaines années. Le moment est donc venu d'agir.
Dans ses nouvelles mesures, la RBA a également tenu compte de la situation du dollar australien. La devise s'est considérablement appréciée depuis la baisse de la mi-mars, ce qui n'a pas échappé à la banque centrale. Lowe pointe comme principale raison l'attrait des taux d'intérêt à long terme australiens dans un monde de compression financière . L'assouplissement ne semble cependant pas avoir fait forte impression. Ce matin, le dollar australien s'est même (fortement) renforcé, à 0,712 AUD/USD, bien que les taux australiens à long terme aient plongé dans dans le rouge (-4 à 5 points de base). Le cours EUR/AUD prend la direction de 1,64(2). Cela s'explique en grande partie par l'optimisme général du marché à l'heure actuelle. Nous pensons cependant que l'intervention de la RBA ne ralentira pas, à court terme, le momentum haussier de l'Aussie. Contrairement à ce qui se passe en Australie, la pandémie connaît un rebond dramatique aux États-Unis et en Europe. La semaine dernière, la BCE avait déjà fait savoir qu'un nouveau plan de soutien serait mis en place en décembre. La Fed pourrait suivre le même chemin plus tard cette semaine.