Trump positif au Covid : non-événement pour les marchés?
Normalement, le marché devait se focaliser aujourd'hui sur le dernier rapport américain sur le marché de l'emploi avant le scrutin du 3 novembre. Ce rapport est un baromètre important pour l'économie et peut jouer un rôle dans le débat électoral. Notre "rituel du matin" a cependant été brusquement perturbé un peu avant 7 heures. Les sismographes du marché se sont soudainement emballés. Le président des États-Unis, Donald Trump, a été testé positif au coronavirus. La nouvelle a relégué les chiffres au second plan. Le Covid-19 a de nouveau fait dévier la dynamique des marchés, et peut-être même celle des élections américaines.
Bien que. Que celui ou celle qui est déjà capable de donner une analyse linéaire des conséquences politiques lève le doigt! En attendant, les stratèges de campagne sont probablement déjà en train d'adapter leur stratégie. Une chose est sûre: il y avait déjà beaucoup d'incertitude autour du processus électoral (ex. : le temps qu'il faudra attendre pour connaître le résultat, etc.). Et la nouvelle de ce matin n'a rien amélioré en termes de visibilité. Le marché n'avait pas besoin de nouvelles incertitudes, les actifs risqués étant depuis peu entrés dans une phase moins stable. Les indicateurs de volatilité - comme le VIX par exemple - ont ainsi grimpé de plus de 10%. Les "futures" américains ont quant à eux chuté de 2%. Et le cours du pétrole a également plongé. D'autre part, un mouvement classique vers les actifs considérés comme sûrs a aussi été observé. Les obligations d'État, y compris américaines, ont rebondi et l'or en a également profité, ce qui n'a pas toujours été le cas ces derniers temps.
En examinant les choses d'un peu plus près, nous préférons ne pas tirer trop de conclusions de cette réaction initiale du marché. Tout d'abord, la correction a eu lieu dans un contexte de marchés relativement illiquides en Asie. En outre, on a aussi pu constater ces dernières années que l'impact d'un "risque d'événement politique" sur les marchés s'atténuait généralement assez vite. Comparaison n'est pas raison, mais nous pensons par exemple à l'impact généralement très court des sanctions commerciales prises par Trump à l'encontre de la Chine. En principe, on pourrait s'attendre à ce que de telles sanctions aient plus d'impact sur l'économie que la simple décision d'un président sortant de suspendre temporairement sa campagne.
Nous nous sentons confortés dans notre "indifférence bienveillante" par la réaction sur le marché des changes. Le billet vert s'est en effet renforcé. Le cours EUR/USD a glissé en direction de 1,17, mais le mouvement est tout de même resté limité. Pourquoi, dans le contexte actuel, le dollar profiterait-il d'un accroissement des incertitudes institutionnelles aux États-Unis? A fortiori si rien ne change dans le contexte monétaire tout de même toujours négatif pour le billet vert. Cet "événement COVID" ne va pas vraiment pousser les taux réels américains à la hausse. Il est frappant de constater qu'après une période de faible dynamique directionnelle, le cours USD/JPY a connu une baisse un peu plus marquée. Nous allons surveiller d'un peu plus près cette paire de devises. Dans l'actuel contexte de taux généralement bas, le yen a récemment vu son statut de valeur refuge décliner sur le marché des changes. Sur le plan technique, rien n'a encore changé, mais le yen pourrait provisoirement bénéficier d'une fenêtre d'opportunité pour récupérer ce statut en cas de nouveaux regains d'incertitudes aux États-Unis. Le premier niveau de support important pour le cours USD/JPY (résistance pour le yen) est encore loin (zone de 104), mais nous avons tout de même revu un peu notre position vis-à-vis de la devise japonaise.