La BoE envisage-t-elle des taux négatifs?
Après la Réserve fédérale américaine mercredi et la Banque du Japon hier, les têtes pensantes de la Banque d'Angleterre (BoE) se sont également réunies cette semaine. Les attentes n'étaient pas particulièrement élevées. Contrairement à la Fed, la banque centrale britannique ne livre pas de nouvelles prévisions de croissance et d'inflation lors de sa réunion de septembre. Et il est rare que les autorités monétaires ajustent leur politique lors de ce type de réunion intermédiaire. Mais Bailey et ses collègues ont tout de même réussi à faire réagir les marchés. La réunion de politique monétaire a donc eu des effets.
Sans surprise, la Banque d'Angleterre a opté pour le statu quo hier. Le taux directeur a été laissé inchangé à 0,1% et la taille des achats d'obligations a été maintenu à 745 milliards de livres. Le dernier point sur la situation économique de la BoE date du mois d'août. Hier, la banque a expliqué que la situation avait depuis lors évolué en grande partie comme prévu. Un peu mieux même. La croissance sur le trimestre en cours devrait ainsi être 7% plus faible qu'au quatrième trimestre 2019, soit une performance un peu moins mauvaise que prévu. C'est surtout la consommation privée qui résiste bien. Celle-ci a en effet renoué plus rapidement que prévu avec son niveau du début de l'année. La banque centrale constate en revanche que les entreprises hésitent toujours à investir. Cela s'explique par les incertitudes liées à la pandémie et à son impact sur la consommation (attendue). Mais le Covid-19 n'est pas uniquement une source de préoccupation pour les entreprises. La BoE s'inquiète également de la récente nouvelle flambée des infections, y compris à l'intérieur des frontières. Ce rebond pourrait en effet peser sur l'activité économique. Par ailleurs, la banque centrale se demande aussi ouvertement si la vigueur de la consommation des particuliers sera tenable. Les mesures d'aide qui ont permis d'éviter des vagues massives de licenciements sont moins généreuses depuis ce mois-ci et devraient en principe expirer en novembre. Avec l'impact que cela implique sur le marché du travail et les revenus. La crainte d'une longue période de chômage élevé est bel et bien présente au sein de la BoE. Le Brexit a également fait son retour dans les discussions. L'hypothèse d'un vaste accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l'UE est pour le moins sujet à débat. La banque ne s'exprime pas sur l'évolution du dossier, mais précise que ce thème sera pris en compte lors de la préparation de la réunion de novembre.
Bailey et ses collègues font clairement une distinction entre la situation actuelle et la situation future. L'économie se porte actuellement mieux qu'initialement prévu, mais les risques augmentent. Cela incite donc à la prudence... et à de nouvelles mesures de soutien monétaires? La banque centrale semble vouloir nous y préparer dans le procès-verbal de la réunion. La décision pourrait, selon nous, déjà tomber à la réunion du 5 novembre. Il n'est même pas exclu que la banque fasse passer son taux directeur en négatif. À la fin du procès-verbal, la BoE indique en effet qu'elle va examiner avec les instances compétentes les aspects opérationnels d'une telle mesure. Il s'agit du signal le plus concret laissé en ce sens par la banque centrale jusqu'à présent. Le marché a réagi, d'autant plus que la BoE doutait encore de l'efficacité d'une telle mesure au mois d'août. Les taux à court terme britanniques ont dégringolé de plus 5pb. Cette chute s'explique aussi en partie par le fait que les taux étaient fortement repartis à la hausse en début de semaine. Le cours EUR/GBP a grimpé en direction de 0,915 (contre 0,91). L'optimisme affiché par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à propos d'un accord sur le Brexit n'a fait que limiter provisoirement les dégâts pour la livre. La paire EUR/GBP a finalement terminé aux alentours de 0,913. Après la réunion de la Banque d'Angleterre et au vu de l'évolution des négociations sur le Brexit, nous restons à court terme prudents vis-à-vis de la livre.