L'heure est à la correction
La plupart des segments de marché ont évolué en pilotage automatique en août, dans une ambiance de vacances. Les bourses ont connu une tendance haussière, en particulier aux États-Unis. Les courbes de taux se sont pentifiées et le dollar est resté sur la défensive. Ces deux dernières tendances ont encore été renforcées à la fin de la semaine dernière suite à la présentation du nouveau cadre de la politique de la Fed par son président, Jerome Powell. Le fait que la banque centrale américaine restera accommodante pendant plus longtemps afin de pousser l'inflation au-dessus de la barre des 2% et de stimuler au maximum l'emploi a soutenu les prévisions d'inflation et a poussé les taux réels (américains) à un plancher historique. Cela a aussi entraîné un nouveau recul du dollar.
Avec la fin des vacances, le moment était venu d'examiner de plus près les récentes tendances. Et la conclusion a visiblement été que celles-ci n'étaient provisoirement plus tenables. Le dollar, les taux et, depuis hier, les bourses ont donc subi un correction. Il est surprenant de constater que les liens classiques entre les différents segments n'ont pas toujours joué comme d'habitude.
La combinaison entre la correction du dollar et celle sur les marchés des taux était plus ou moins prévisible. Après l'accent mis sur l'inflation à la fin de la semaine passée, le marché s'est demandé si et, le cas échéant, comment la Fed allait réaliser son objectif d'accélération de l'inflation. Une déclaration d'intention est un chose. Mais le fait est que la Fed devra en grande partie réaliser cet objectif avec les mêmes instruments que ceux qui n'ont pas ou pas suffisamment fonctionné ces dernières années. Peut-être ne vaut-il mieux pas espérer trop en ce qui concerne l'inflation. Les taux longs sont en net recul cette semaine. Dans la mesure où la dépréciation du dollar était en partie due à la baisse des taux réels et à la hausse des prévisions d'inflation, il était aussi logique que la pression sur la monnaie s'atténue au moins provisoirement.
La troisième correction, observée hier sur les bourses (américaines, -5% pour les Nasdaq), est moins liée à ce qui précède, selon nous. Cette baisse des cours, surtout des valeurs technologiques, vient-elle de nulle part? Le fait que la hausse boursière s'était récemment accompagnée d'un rebond de l'indice de volatilité VIX cachait peut-être une mise en garde. La combinaison est inhabituelle.En principe, un regain de volatilité est plutôt synonyme de "nervosité" et pas de plafonds historiques pour les cours. Les marchés des taux et des changes ont été relativement épargnés par la correction boursière d'hier. La baisse des taux est restée limitée. Et le dollar et le yen, les valeurs refuges classiques sur le marché des changes, n'ont quasiment pas bougé. Le cours EUR/USD a même légèrement augmenté, au lieu de baisser. L'or n'en a pas non plus profité. Cela nous amène, dans un premier temps, à en conclure que la correction d'hier s'apparente surtout à un repositionnement sur un marché qui était positionné de façon très unidirectionnelle. Dès qu'on a l'impression qu'une tendance ne peut plus aller que dans une seule direction, le risque d'une correction "stop-loss" devient alors élevé.
Le fait que les liens "naturels" entre les segments n'ont pas bien fonctionné nous incite à la prudence sur le court terme. D'autres épisodes incontrôlés pourraient suivre. La situation est redevenue neutre sur le marché des taux après la correction de cette semaine. Les taux à 10 ans allemand et américain sont de nouveau solidement ancrés dans leur fourchette de fluctuation existante. Aucune rupture à la hausse n'est pour le moment à l'ordre du jour. Le fait que le dollar n'a pas profité d'une forte correction "risk-off" pourrait être le signe que la devise américaine ne dispose plus de réels facteurs de soutien, malgré le rebond de cette semaine. 1,17/1,18 reste vraisemblablement une solide zone de support pour le cours EUR/USD.