Paratonnerres politiques aux États-Unis
La nomination de Kamala Harris comme candidate démocrate à la vice-présidence marque le véritable coup d'envoi des élections présidentielles américaines. La chasse aux votes des électeurs en prévision du scrutin du 3 novembre 2020 peut maintenant commencer. Le duo Biden-Harris est actuellement en avance sur le tandem Trump-Pence dans les sondages, lesquels sont fortement influencés par la crise du coronavirus et sans doute aussi par la manière dont celle-ci est gérée. Le très versatile président américain risque donc d'être particulièrement aux abois dans les prochains mois. Et cela pourrait devenir dangereux.
Politique et économie sont toujours intimement liées. Les répercussions économiques de la crise du coronavirus pèsent sur la popularité du président en place. La reprise économique qui s'amorce renforcera les chances de réélection de Donald Trump, mais la question est de savoir si cette reprise sera suffisamment vigoureuse et surtout suffisamment rapide. Cela explique notamment pourquoi les républicains ont à ce point hâte d'injecter des moyens financiers supplémentaires dans l'économie, alors que les démocrates se montrent un peu plus prudents – généralement, ces positions sont inversées.
Accaparé par la crise du coronavirus et ses conséquences, le monde suit actuellement avec moins d'intérêt que d'habitude les élections présidentielles américaines. Mais cela va aussi changer rapidement. Dans les semaines à venir, les candidats vont commencer à dévoiler leur jeu lors des débats et dans leurs spots publicitaires. Les deux équipes, aux styles évidemment très différents, vont maintenant devoir mettre en avant le contenu de leurs programmes. L'actuel locataire de la Maison Blanche a le grand avantage de pouvoir attirer les projecteurs sur lui en prenant des initiatives politiques inattendues. Reste à savoir si celles-ci serviront le bien-être social ou son propre agenda politique personnel.
Hier, nous avons déjà eu un exemple de ce à quoi nous pourrions nous attendre, avec l'annonce sortie de nulle part d'un accord de paix entre Israël et les Émirats arabes unis. Ce rapprochement inattendu s'explique probablement surtout par la volonté de ces deux pays d'offrir à leur ami et banquier américain une belle carte à jouer en vue de sa réélection. Mis à part leurs amis (États-Unis) et ennemis (Iran) communs, le fossé qui sépare ces deux pays du Moyen-Orient est en effet particulièrement profond. Reste que tout pas en faveur de la paix dans la poudrière du Moyen-Orient est toujours le bienvenu. La crise du coronavirus a, dans un premier temps, eu pour effet d'atténuer un peu les confrontations politiques, alors que les incertitudes économiques ont augmenté (voir graphique), mais il est clair que cela ne va pas durer. En témoigne le regain de tension entre les États-Unis et la Chine.
Reste donc à savoir quels seront les prochains mouvements de Trump sur l'échiquier politique. Ceux-ci pourraient surprendre les marchés positivement ou négativement. Si les marchés et les électeurs réagissent favorablement à des mesures positives, cela pourrait déboucher sur de nouvelles initiatives constructives au cours des derniers mois de mandat de Donald Trump. Mais si les électeurs ne réservent pas un bon accueil au tandem Trump-Pence, la Maison Blanche pourrait alors prendre des mesures moins positives afin d'attirer l'attention. Trump a donc les cartes en main pour pouvoir donner le ton sur les marchés américains et internationaux dans les prochains mois. Cela n'est pas vraiment rassurant. La vigilance est donc de mise.