Marché de l'emploi aux États-Unis: fin des fruits faciles à cueillir?
À première vue, les chiffres du marché de l'emploi américain étaient encourageants la semaine dernière. Les demandes de chômage hebdomadaires sont ainsi retombées à leur niveau le plus bas depuis que le début de la pandémie: 1.186 millions durant la semaine qui s'est terminée le 1er août. Selon les normes historiques, cela reste particulièrement élevé. Le nombre de personnes qui ont introduit une telle demande au moins une deuxième semaine consécutive a également diminué, pour atteindre environ 16 millions. À titre de comparaison, au point culminant de la pandémie, ce chiffre s'élevait à un peu moins de 25 millions. Cela prouve que de plus en plus d'Américains reprennent le travail.
Nous en avons reçu la confirmation officielle vendredi dernier, par le biais du rapport sur le marché de l'emploi. En juillet, l'économie américaine a créé 1,76 millions d'emplois en plus des 4,79 millions et 2,73 millions créés au cours des mois précédents. Soit environ 300.000 de plus que prévu. Le secteur des loisirs, le commerce de détail et l'enseignement ont de nouveau apporté une contribution significative. Le taux de chômage est retombé de 11,1% à 10,2%. Cette baisse légèrement supérieure aux attentes est due au fait que des Américains moins habilités à travailler ont rejoint le marché de l'emploi. Le taux de participation s'élevait en effet à 61,4%, soit une légère baisse par rapport aux 61,5% enregistrés en juin. On attend en fait le contraire d'une économie et d'un marché de l'emploi sains et solides. Le chiffre reste également largement inférieur à la moyenne pluriannuelle d'environ 63%. Il semble que les fruits murs aient déjà été récoltés. Après les pertes d'emploi substantielles de mars et surtout d'avril, une reprise soutenue, dans le contexte de la relance progressive de l'économie, était pour ainsi dire évidente. La (crainte d'une) recrudescence du coronavirus a contraint plusieurs États et entreprises à agir ces dernières semaines. Cela se manifestera sans doute dans les mois à venir sous la forme d'un nouveau ralentissement de la croissance de l'emploi, alors que pour l'instant, "seuls” 40% des 22 millions de pertes ont pu être récupérés. En outre, nous remarquons que le congrès américain fait l'impasse sur de nouveaux incitants fiscaux. Ce n'est pas négligeable, car certaines mesures de soutien, dont le surplus d'allocations de chômage d'un montant de 600 $/semaine, ont été supprimées fin juillet. Cela signifie de facto moins de possibilités de consommation. Samedi dernier, le président Trump a néanmoins pris les choses en main à cet égard. Il n'est toutefois pas certain que l'Américain lambda soit disposé à dépenser ce petit supplément (environ 400 $/semaine cette fois) dans le contexte actuel. Le programme a par ailleurs encore de nombreuses implications (juridiques).
La réaction initiale du marché au rapport sur le marché de l'emploi était celle du désespoir. Le dollar américain néanmoins repris des forces un peu plus tard. L'EUR/USD a ainsi quitté la zone de support de 1,1822. La chute persistante des taux américains, surtout sur l'extrémité longue de la courbe, s'est accordé une pause – même si la marge pour une nouvelle baisse était de toute façon devenue extrêmement limitée. Le taux à dix ans s'est établi prudemment au-dessus du niveau de support de 0,54%. Le mouvement haussier des taux d'intérêt s'est poursuivi ces derniers jours. Le billet vert rencontre cependant de nouvelles difficultés aujourd'hui, principalement en raison du sentiment très favorable à l'égard du risque. À 1,178, l'EUR/USD frôle ses récents sommets. Pour la suite à court terme, nous attendons avec impatience la stabilisation actuelle des taux d'intérêt américains. Si celle-ci se maintient, le dollar pourrait profiter d'un peu plus de répit. Une rupture par le haut du canal baissier du taux américain à dix ans constituerait un signal technique important.