Faites confiance à la tendance
La semaine écoulée ne restera pas dans les annales comme une semaine particulièrement inspirante. C’est souvent le cas pour la semaine qui suit le rapport américain sur le marché de l’emploi. De plus, la morosité du commerce estival et l’absence relative de remous politiques ou autres ont pour effet de mettre cette donnée en exergue. Heureusement, cela va changer dans les prochains jours.
Après une déroute sans précédent en mars, le marché des actions a rapidement fait volte-face. La faiblesse des taux d’intérêt se traduisant par un manque d’alternatives, des liquidités abondantes et/ou l’esprit de groupe sont autant de facteurs qui ont contribué une reprise tout aussi inédite de certains indices. La hausse boursière repose également dans une large mesure sur la conviction d’une reprise rapide en forme de V sur une partie importante du marché. Cette semaine, les chiffres du secteur de la vente au détail américain, plusieurs indicateurs de confiance, un état de la situation économique britannique et les chiffres de croissance chinois pour le deuxième trimestre clarifieront les choses. Dans la saga du coronavirus, la Chine est en première ligne sur tous les plans. Les statistiques mensuelles ont suggéré que le pays tourne assez vite le dos à la crise. Les chiffres de croissance devraient en témoigner: d’une contraction de 9,8% en glissement trimestriel au premier trimestre, l’économie a probablement récupéré 9,5%. Un résultat impressionnant, surtout compte tenu du fait que le reste du monde était encore en confinement environ jusqu’à la mi-mai. Ce n’est pas un mince exploit pour un pays exportateur.
Quiconque s’interroge (à juste titre) sur ces chiffres de croissance et cherche un regard alternatif sur la reprise post-coronavirus trouvera certainement son bonheur au début de la saison des résultats. Demain, les institutions financières (américaines) entameront l’édition du deuxième trimestre. Personne ne doute que les “bottom lines” seront exécrables. Cependant, les perspectives pour les mois à venir s’avéreront intéressantes. Au premier trimestre, l’incertitude sans précédent a empêché de nombreuses entreprises de présenter une telle mise à jour. Vu le parcours boursier prometteur depuis lors, la barre est placée haut. Comment peuvent-elles encore dépasser les attentes? Néanmoins, les développements de ces dernières semaines montrent que le marché ne se laisse pas facilement décourager. Les tensions (géo)politiques avec la Chine, entre autres, s’intensifient manifestement. Avant le Covid-19, il en résultait des réactions de marché parfois violentes (souvenez-vous du conflit commercial). Mais aujourd’hui, même les records presque quotidiens du nombre de cas de contamination par le virus font à peine sourciller les bourses. La barre est donc en effet placée haut… pour une chute qui risque d’être d’autant plus dure.
Pour terminer, un dernier mot sur l’UE. En marge de la réunion de politique “pro forma” de la BCE prévue jeudi, un sommet européen spécial est programmé ce vendredi. Lors de cette réunion – physique –, les dirigeants de l’UE aborderont le plan de relance de 750 milliards d’euros. Certains acteurs ont déjà essayé de tempérer les attentes, en particulier la chancelière allemande Merkel. Un plan de relance finalisé d’ici le week-end a des allures de château en Espagne. Une réunion d’urgence supplémentaire (fin juillet?) sera d’autant plus importante. Pourtant, dans l’humeur actuelle des marchés, l’idée de progrès revêt peut-être plus d’importance que le résultat final. Dans cette optique, nous voyons peu de raisons à court terme d’aller à contre-courant de la tendance. Les actifs plus risqués peuvent continuer à enregistrer des résultats relativement positifs, en particulier l’euro. Après une légère correction le mois dernier, le différentiel EUR/USD fait preuve de résistance ces derniers jours. La performance de ce matin est déjà prometteuse (1,132). EUR/USD 1,135 s’établit comme une première zone de résistance à l’approche du sommet de juillet (1,1422).