Le dollar australien se heurte au seuil de 0,70 pour le cours AUD/USD
La banque centrale australienne (Reserve Bank of Australia ou RBA) a décidé de sa politique ce matin. Comme beaucoup d'autres banques centrales, la RBA est passée fin mars en mode crise complet lorsque la crise coronaire a fait chuter les marchés. Elle a ainsi abaissé son taux directeur à 0,25%. La banque détermine cependant non seulement le taux directeur qui constitue la base de l'octroi de crédit à court terme, mais a également lancé ce que l'on appelle le "Yield Curve Control". Dans ce cadre, la banque s'engage à maintenir également le taux à 3 ans proche de 0,25%. Si nécessaire, la banque achète des obligations sur le marché pour éviter que les taux ne dépassent ce niveau. La RBA a également lancé des facilités de crédit (comparables aux TLTRO de la BCE) afin de faciliter l'octroi de crédit aux entreprises à plus long terme. Ces mesures politiques n'ont pas été modifiées aujourd' hui lors de la réunion de politique.
Une fois la première phase de la crise terminée, l'Australie semblait être bien positionnée pour l'ère post-covid. Le gouvernement australien a également pris de mesures de restriction pour freiner la propagation du virus. Et comme partout ailleurs, celles-ci ont lourdement pesé sur l'économie. Mais le nombre de contaminations (8.755 actuellement) et de décès dus au coronavirus (106) est resté relativement faible par rapport à d'autres pays grâce à ces mesures. L'Australie disposait par ailleurs d'une marge budgétaire pour mener une politique de relance économique. Avant l'épidémie, le pays s'apprêtait à enregistrer un excédent budgétaire. Le gouvernement australien a donc des pris des mesures équivalant à plus de 10% du PIB (en plus de dispositifs de garantie). La reprise relativement rapide observée en Chine, son principal client, était également de bon augure.
Cet état d'esprit plutôt positif a aujourd'hui été relégué au second plan par le récent rebond de l'épidémie à Melbourne. La RBA n'en fait pas directement mention dans son communiqué, mais elle prend évidemment acte des grandes incertitudes autour de la reprise. Le ton utilisé dans la déclaration reste néanmoins modérément positif. La banque explique cependant qu'elle maintiendra son taux directeur bas et qu'elle continuera de contrôler le taux à 3 ans pendant longtemps, jusqu'à ce que le plein emploi et l'objectif d'inflation de 2%-3% soit de nouveau clairement en vue. Il faudra notamment encore du temps pour que la situation se redresse sur le marché du travail. La RBA pourrait encore augmenter ses achats d'obligations, mais cela n'a pas été nécessaire ces derniers temps. Le taux à 3 ans s'est stabilisé autour de 0,25%, sans aucune intervention de la banque centrale.
La RBA est restée muette à propos du dollar australien. À la mi-mars, l’Aussie a, comme de nombreuses autres devises moins liquides et de taille plus modeste, essuyé une importante vague de ventes. Mais la paire de devises a pu remonter la pente en raison d'une situation mondiale moins tendue et de perspectives relativement positives. Le cours AUD/USD a même un moment franchi la barre de 0,70 en début juin et ce niveau était de nouveau à portée de main ce matin. Avant l'apparition du covid-19, la RBA voulait plutôt maintenir sa devise faible. Dans le contexte actuel, l'accent est davantage mis sur la stabilité financière et le maintien d'une devise faible est devenu moins prioritaire pour de nombreux pays. Nous supposons que, pour la RBA, il n'est plus nécessaire que l'Aussie s'apprécie. Si la première phase de la reprise du dollar australien était en partie due à la meilleure position de départ de l'Australie, les bonnes nouvelles sont désormais probablement en grande partie intégrées dans le cours. Une éventuelle nouvelle hausse de la paire AUD/USD viendra désormais surtout de la faiblesse du dollar américain. Dans ce contexte, il ne faut pas non plus s'attendre à ce que l'Aussie grimpe encore beaucoup par rapport à l'euro à court terme.