Reprise compliquée par le chômage en Europe

Les marchés

L'OCDE a publié une mise à jour de ses prévisions économiques la semaine passée. À l'instar de KBC Economics, l'institution pointe les énormes dégâts qu'aurait une nouvelle flambée de l'épidémie sur l'économie. L'OCDE place même ce scénario à "double impact" en premier lieu. Qu'il y ait une seconde vague ou non, l'organisation estime que la reprise sera longue. Certainement en Europe. Elle cite en particulier la hausse du chômage à laquelle il faut s'attendre une fois que les systèmes de chômage partiel - appliqués dans pratiquement toute l'Europe, chaque pays ayant un régime qui lui est propre - seront progressivement abandonnés. L'OCDE a pour la première fois donné des chiffres à ce sujet (voir le graphique). L'institution table sur une forte augmentation du chômage dans tous les pays européens au cours des prochains trimestres et sur une stabilisation autour des niveaux élevés actuels aux États-Unis. De par sa flexibilité, le marché de l'emploi américain a en effet directement absorbé le choc du coronavirus. L'Europe a quant à elle opté pour un système de protection temporaire, qui a rendu l'impact plus graduel. Cette approche a permis dans un premier temps d'atténuer les conséquences sociales et économiques de la crise, mais elle va aussi rendre la reprise plus lente. Pour l'ensemble de l'OCDE, et donc du monde occidental, le chômage aura atteint 10,6% à la mi-2020, soit un niveau deux fois plus élevé qu'à la fin du premier trimestre. Le marché du travail n'avait plus subi un tel choc depuis la seconde guerre mondiale. Et les dégâts seront encore plus importants en cas de deuxième vague.

Les écarts entre les taux de chômage au sein même de l'Europe se creusent également. Ce sont les marchés du travail du sud de l'Europe qui seront les plus touchés. Les économies du nord devraient quant à elles pouvoir profiter d'une situation moins tendue au niveau de l'emploi. Le marché du travail risque donc à nouveau d'être la cause d'une divergence encore plus grande entre les économies européennes. L'augmentation du chômage accroît en effet encore la pression sur les finances publiques déjà précaires des pays du sud. L'intégration (ou réintégration) des chômeurs dans le circuit du travail nécessitera des mesures supplémentaires et aura donc un coût. Ce choc sur le marché de l'emploi se répercutera aussi sur d'autres pans de l'économie. Nous pensons notamment à la consommation de biens durables, la demande dans l'immobilier ou la volonté d'entreprendre et d'investir dans l'économie nationale. D'autant plus que l'OCDE s'attend également à une diminution des salaires et des revenus disponibles.
Cette situation sur le marché de l'emploi mérite donc une attention toute particulière dans les plans de relance qui sont actuellement élaborés aux niveaux national et européen. Pour le moment, ceux-ci brillent encore par leur ambition et leur taille. Des plans concrets visant à stimuler la création d'emplois seront nécessaires. Mais une création durable d'emplois nécessite plus qu'un plan à court terme. Pour cela, il faut une économie structurellement saine et un marché en bon état de marche. Deux aspects sur lesquels l'Europe ne brille pas vraiment à l'heure actuelle. Une véritable reprise des marchés du travail européens, et par conséquent de l'économie européenne, ne sera donc possible que si des réformes structurelles sont entreprises.

Cette reprise sur les marchés du travail est aussi compliquée par la volonté d'accroître les investissements dans une série de nouvelles tendances technologiques et innovantes telles que la digitalisation ou l'écologisation. Or, ces domaines nécessitent une main-d'œuvre bien qualifiée et plus flexible, alors que les plus importantes pertes d'emplois seront probablement enregistrées dans les secteurs les plus touchés par la crise du coronavirus, où ce type de profil n'est pas nécessairement présent. Le fossé sera donc plus grand que jamais sur les marchés du travail européens. Cela souligne une nouvelle fois la grande importance de la formation et du recyclage. L'éducation et la formation devront donc aussi être placées parmi les priorités.

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

Conséquences monétaires des mesures de relance fiscale

Conséquences monétaires des mesures de relance fiscale

Aleš Michl, président de la CNB : un homme avec une vision

Aleš Michl, président de la CNB : un homme avec une vision

Une transition de la dette en Allemagne

Une transition de la dette en Allemagne

Divergence scandinave

Divergence scandinave