Covid-19: une résurgence?
À la fin de la semaine dernière, nous aurions pu nous croire revenus à la mi-mars. La hausse inquiétante du nombre de cas de contamination par le coronavirus, surtout aux États-Unis, a provoqué des convulsions sur les marchés. Les bourses ont enregistré des pertes importantes; le dollar est partiellement repris du terrain, tandis que les taux américain/allemand ont dégringolé de 15 points de base. Nous constatons malheureusement que le risque de résurgence du virus ne se limite pas aux États-Unis. Le Japon a ainsi fait état d’une forte hausse et la Chine fait face à un nouveau foyer à la capitale, qui était jusqu’à présent exempte de cas. Ce matin, le scénario redouté d’une deuxième vague et d’un nouveau confinement domine l’humeur des marchés. Les bourses européennes se négocient avec un handicap de quelque 2%. Le dollar a cependant pu en profiter: le cours EUR/USD cote aux alentours du niveau de support de 1,126. Dans les jours à venir, il ne fait aucun doute que ce thème restera déterminant sur les marchés. Pourtant, d’autres rendez-vous de politique sont susceptibles d’attirer l’attention des investisseurs cette semaine.
Avant tout, de nombreuses négociations doivent avoir lieu, non seulement dans les cercles de la politique monétaire (citons la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon, la Banque centrale de Norvège, la Banque nationale suisse), mais aussi entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, qui organiseront un sommet virtuel sur le Brexit aujourd’hui même pour un état de la situation. Les discussions sur la relation commerciale future entre les deux parties sont cependant au point mort depuis un certain temps: cette réunion ne suscite donc pas de grands espoirs. Il ne faut sans doute pas s’attendre à beaucoup plus qu’à une accélération des négociations (ou à une promesse en ce sens). En principe, ce sommet est la dernière occasion officielle dont dispose le Premier ministre britannique Johnson pour demander une prolongation de la phase de transition, qui prend fin le 31 décembre. Mais le gouvernement britannique a souligné à plusieurs reprises son refus de recourir à cette option: à l’approche de la fin de l’année, cette échéance risque donc de rendre les marchés très nerveux.
Le Brexit n’est pas un point à l’ordre du jour officiel du sommet de l’UE prévu vendredi, même s’il est probable que le sujet sera brièvement passé en revue. La proposition de la Commission européenne de mettre en place un fonds de relance est au cœur des débats. Le sommet devra préparer le terrain en vue d’une réunion ultérieure, lisons-nous sur le site web du Conseil européen. En d’autres termes, il n’y aura pas encore d’accord définitif. Le sommet sera plutôt l’occasion d’entendre les griefs des sceptiques, comme la Finlande et l’Autriche, mais aussi de certains pays d’Europe Centrale. Pour l’Europe du Nord, le fonds de relance ne peut pas être un chèque en blanc; pour l’Europe Centrale, il est incompréhensible de devoir renoncer à une part du gâteau en faveur de l’Occident si prospère. Des négociations longues et ardues risquent de s’ensuivre. Mais pouvait-il en être autrement?
Enfin, demain, nous ouvrirons grand les oreilles quand Powell, le président de la Réserve fédérale, se présentera devant le Sénat américain à l’occasion de son audition semestrielle. Powell suivra probablement le script de la dernière réunion de politique, qui a eu lieu il y a une semaine à peine. Il est probable qu’il ne dévoilera pas trop ses autres cartes monétaires. Il adressera toutefois directement sa plaidoirie fiscale aux décideurs politiques, ce qui pourra susciter quelques réactions intéressantes. La Fed soutient en effet qu’il faut davantage de moyens; mais le Sénat contrôlé par les républicains est actuellement peu friand d’une nouvelle tournée d’incitants fiscaux.