Entre espoir et désespoir
Les marchés terminent l'année 2018 sur une note négative, avec des prévisions économiques qui se détériorent et d'importantes corrections sur les bourses. L'année avait pourtant bien commencé. Après une solide année 2017 (évolution quasi inverse à cette année), les attentes étaient élevées. Ces espoirs étaient d'ailleurs tout à fait en phase avec la réalité. Malgré les nombreuses incertitudes internationales, l'économie et, dans son sillage, les marchés se portaient bien. Les risques d'alors sont néanmoins toujours présents aujourd'hui. En particulier le brexit, la guerre commerciale, le niveau élevé de l'endettement à l'échelle mondiale et la normalisation de la politique monétaire.
Depuis lors, nous sommes complètement passés en mode risque. Même le compromis trouvé sur le budget italien n'a pas permis d'apaiser les esprits. Cet accord est pourtant important dans la mesure où il montre que le gouvernement italien est aussi capable de faire preuve de flexibilité. En outre, la Commission européenne a aussi montré qu'elle prenait en compte les besoins et les choix démocratiques des Italiens. Seule une bonne collaboration entre les instances européennes et les instances nationales permettra de faire avancer le projet européen. L'accord est loin d'être parfait et ne résout pas les problèmes de dette et de croissance de l'Italie, mais il montre que la logique de conflit a laissé la place à un esprit plus constructif. Le déficit de 2,04% qui a été convenu est encore très éloigné de l'objectif européen initial de 0,8%. Mais le nouveau budget est désormais basé sur des prévisions de croissance réalistes. Et l'Europe tend également une main en direction de l'Italie par le biais de ses fonds structurels. Cette évolution positive a cependant été éclipsée par le dossier du brexit et le spectre d'une nouvelle escalade de la guerre commerciale. Maintenant que la nouvelle date pour la ratification de l'accord sur le brexit au parlement britannique a été fixée, le conflit entre dans sa phase finale. Les turbulences voire la panique peuvent être des armes puissantes. En période d'incertitude, les gens sont à la recherche de stabilité, ce qui, au final, constitue aussi l'objectif d'un accord sur le brexit. On ne peut certainement pas exclure que les deux parties finissent par trouver une solution relativement acceptable pour tous. D'un autre côté, la guerre commerciale fait toujours peser une menace potentiellement énorme sur l'économie européenne, avec notamment la crainte de voir Trump augmenter les droits de douane sur les importations de voitures européennes. L'Europe a néanmoins décidé de se défendre, de manière proactive et réactive. Les négociateurs mettent toujours tout en œuvre pour obtenir un accord commercial entre les États-unis et l'UE, malgré le manque d'enthousiasme de la Maison blanche. D'un autre côté, les mesures de rétorsion sont d'ores et déjà prêtes au cas où les Américains venaient à instaurer de nouvelle taxes sur les produits européens. Cette stratégie semble fonctionner pour le moment. Parallèlement, un consensus est visiblement en train de se dégager sur la nécessité de réformer l'Organisation mondiale du commerce, une évolution positive qui permettrait d'adoucir certaines autres tensions.
Il est frappant de constater que nous allons entamer la nouvelle année avec les mêmes facteurs de risque qu'il y a un an. Le sentiment s'est clairement détérioré, mais pas vraiment la situation économique. Malgré un essoufflement, la croissance économique mondiale reste supérieure à sa moyenne à long terme. Les premiers mois de 2019 seront cruciaux pour déterminer l'orientation future des marchés. Un accord sur le brexit et une détente au niveau du conflit commercial auront probablement un effet positif. Les fondamentaux économiques demeurent solides, avec des investissements toujours en forte croissance et des créations d'emplois qui évoluent bien (voir le graphique). Après un automne houleux et un hiver sombre, espérons que 2019 apporte une embellie.