Les PMI confirment la paralysie de l'économie
Les indicateurs de confiance des entreprises PMI du mois d'avril montrent clairement l'impact des mesures de confinement en Europe. Les baromètres ont chuté à des planchers inédits qui confirment la forte contraction de l'économie. Nous avons examiné de plus près les chiffres détaillés pour l'Allemagne, la France et la zone euro. Le moins que l'on puisse est que ces chiffres laissent peu de place à l'imagination.
Le PMI global pour l'Allemagne a dégringolé de 35 à 17,1. Pour rappel, un niveau inférieur à 50 est synonyme de contraction économique. Au cours de la dernière décennie, l'indicateur a globalement fluctué entre 45 et 55. Avec exceptionnellement des passages en dessous ou au-dessus de ces niveaux lors de périodes de haute ou de basse conjoncture. Les détails montrent de nouveau que c'est le secteur des services domestique qui souffre le plus (de 31,7 à 15,9), les loisirs, les restaurants et le tourisme étant frappés de plein fouet. À 34,4, le PMI de l'industrie manufacturière s'est également dégradé (45,4 en mars). Les directeurs d'achat pointent une production à l'arrêt et une baisse sans précédent de la demande intérieure et extérieure. Le rythme des pertes d'emplois dans le secteur des services allemand est plus élevé que lors de la crise de 2008-2009. Les sous-indicateurs qui évaluent la pression sur les prix (produits finaux) font aussi état de fortes baisses. Les entreprises offrent des réductions afin de compenser le recul de la demande. Dans un même temps, la diminution des prix du pétrole et des matières premières et la baisse des coûts opérationnels (pour la première fois depuis septembre 2009) ont un impact sur les coûts totaux. Les prévisions économiques pour les 12 prochains mois demeurent en outre particulièrement sombres.
Le rapport PMI se termine sur une note cynique. La baisse des composantes susmentionnées a été compensée par un accroissement des stocks et une augmentation des délais de livraison. Lorsque l'économie tourne bien, ce deuxième point est un signe que les entreprises ne parviennent pas à suivre la demande. Aujourd'hui, cela témoigne surtout de problèmes de goulets d'étranglement dus au confinement mondial. L'accumulation des stocks peut plus ou moins être mise en parallèle avec ce qui se passe sur le marché du pétrole. Les entrepôts de nombreuses entreprises débordent aujourd'hui de produits (semi-)finis. Les PMI de la France (31,5 pour l'industrie et 10,4 pour les services) et de la zone euro (33,6 et 11,7) sont tout aussi dramatiques. Et le scénario est le même.
Celui qui pense que le débat autour d'un déconfinement progressif va permettre d'inverser rapidement la vapeur risque de déchanter. C'est simplement une manière de rendre la situation socialement plus supportable/acceptable. Le moteur économique est passé de 100 à 0 en à peine quelques semaines. La relance se fera de manière beaucoup plus graduelle, afin de limiter autant que possible le risque d'une deuxième vague de contaminations. Le compteur ne va certainement pas remonter à 100 cette année.
La réaction sur les marchés reste globalement limitée. Les bourses européennes ont perdu les gains enregistrés à l'ouverture, alors que le cours EUR/USD s'est installé sous 1,08. Les obligations d'État allemandes jouent leur rôle de valeur refuge. Les PMI confirment notre scénario de base qui prône la prudence vis-à-vis du rallye observé sur les marchés à Pâques. D'autres dominos risquent encore de tomber.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC