Pas de surprise à la Banque du Canada
Les réunions de politique s'enchaînent en ce dernier mois de l'année. La BCE se réunit aujourd'hui et la Fed et la Banque d'Angleterre suivront la semaine prochaine. En début de mois, nous avions déjà eu droit au communiqué de la banque centrale australienne. Et hier, c'était au tour de la Banque du Canada (BoC).
Il s'agissait d'une réunion de fin d'année intermédiaire, sans nouvelles prévisions de croissance et d'inflation. Celles-ci ont été actualisées pour la dernière fois de l'année en octobre. À ce moment-là, la BoC tablait sur une contraction économique de -5,7% pour l'année en cours. Un recul moins important qu'initialement redouté, en raison d'une reprise plus forte que prévu le trimestre précédent. Pour 2021 et 2022, la BoC mise sur une croissance moyenne de 4%. L'inflation se maintiendra quant à elle dans la moitié inférieure de la zone cible de 1% -3% au moins jusqu' à la fin de l'horizon de politique (2022). En octobre, la banque centrale avait toutefois mis en garde contre les conséquences de la résurgence du coronavirus. Les contaminations journalières avaient alors déjà dépassé le sommet enregistré lors de la première vague. Depuis, le nombre de nouveaux cas a encore triplé, à environ 6 500 par jour! Comparé à l'Europe, les restrictions imposées au Canada ne sont pas vraiment sévères. Mais cela pourrait bien entendu rapidement changer au vu des chiffres actuels. Le gouverneur de la BoC, Tiff Macklem, estime quoi qu'il en soit que les mesures de lutte contre le coronavirus pèseront encore sur la croissance au premier trimestre de l'année prochaine. Les nouvelles concernant le vaccin constituent une évolution favorable pour la banque centrale. Il reste cependant encore pas mal d'incertitudes en ce qui concerne son déploiement, que ce soit au niveau de la production, de la logistique ou des modalités pratiques de son administration.
Raison de plus pour maintenir une politique monétaire aussi souple que possible. Comme prévu, le taux (de dépôt) directeur a donc été maintenu à 0,25% et restera probablement à ce niveau au moins jusqu'en 2023. En communiquant de la sorte, la banque entend maintenir les taux à court et moyen terme bas. Pour comprimer les taux à long terme, la BoC continuera d'acheter des obligations d'État à raison de 4 milliards de dollars par semaine. Elle veut ainsi relancer la reprise économique et l'inflation, avec l'aide de la politique budgétaire.
Le récent renforcement du dollar canadien (USD/CAD) n'a certainement pas échappé à la BoC. Dans une allusion plutôt rare à la devise, la banque pointe surtout le doigt sur la faiblesse du grand frère américain, mais en s'abstenant de tout jugement de valeur. Le démarrage reflationniste du mois de décembre a poussé le cours USD/CAD sous 1,30. Effectivement en grande partie à cause de la faiblesse persistante du dollar américain. La tendance baissière de la paire EUR/CAD laisse cependant aussi entrevoir une certaine vigueur du CAD. Inutile de chercher loin pour en trouver la raison. Depuis novembre, le pétrole a grimpé d'environ 35%, ce dont profitent évidemment le Canada, pays riche en hydrocarbures, et sa monnaie. De manière générale, les cours des matières premières enregistrent de sérieuses hausses. Nous pensons notamment au cuivre ou au fer, qui a encore battu un nouveau record hier (150 $/tonne). Tout ceci s'inscrit dans le cadre d'une tendance reflationniste d'un retour à la normale sur le plan économique. La baisse du cours USD/CAD s'est récemment heurtée à un niveau de support tenace autour de 1,28. L'ombre de l'actuelle vague de coronavirus, qui s'étend jusque fin 2021, incite (temporairement?) le marché à la réflexion. À court et moyen terme, nous nous dirigeons plutôt vers une rupture à la baisse, avec une première zone de support intermédiaire aux alentours de USD/CAD 1,27. Par rapport à l'euro, la situation est plus neutre et le loonie ne devrait pas trop se renforcer.