L'économie américaine ralentit
Ces dernières semaines, le sentiment des marchés est le jouet de l'épidémie de coronavirus. La propagation du virus de la Corée du Sud à l'Italie en passant par l'Iran inquiète de plus en plus les marchés et les économistes. Les investisseurs qui faisaient confiance aux banques centrales et aux autorités fiscales pour résoudre tous les problèmes à grand renfort d'incitants en tous genres se laissent désormais gagner par un pessimisme grandissant. La crainte d'un ralentissement abrupt de la croissance de l'économie mondiale augmente, mais l'impact exact reste difficile à prévoir.
Aux États-Unis, la première estimation de la confiance des entrepreneurs publiée vendredi par l'institut Markit pour le mois de février a permis de s'en faire déjà une première idée. L'indicateur a chuté en février de 3,7 points, retombant à 49,6 points et se retranchant ainsi sous le seuil de neutralité des 50 points. Il s'agit aussi du niveau le plus bas observé depuis 2013. Faut-il en conclure que l'épidémie de coronavirus affecte à présent aussi l'économie américaine? L'activité dans le secteur américain des services, tout particulièrement, en a pris un sérieux coup. Cet indicateur est en effet retombé de 53,4 à 49,4 points. Un refroidissement de l'activité est perceptible également dans l'industrie manufacturière. Toutefois, cet indicateur est parvenu à se maintenir au-dessus du seuil de neutralité. Dans le domaine des exportations également, le repli des commandes s'est accéléré. Les entreprises indiquent que les clients diffèrent en ce moment leurs commandes dans la crainte d'un ralentissement plus généralisé de la croissance économique sous l'effet de l'épidémie. Les élections présidentielles sont également évoquées comme une source d'incertitude.
De plus en plus, il apparaît que le coronavirus est en train de contaminer l'économie mondiale. Lors du sommet du G20 qui se tenait ce week-end à Riyad, le FMI a mis en garde contre l'impact de l'épidémie. Le Fonds monétaire international redoute que le virus ne "mette en péril" la reprise "déjà fragile" de l'économie mondiale. Le FMI revoit dès lors ses prévisions à la baisse et s'attend désormais à ce que le virus fasse baisser la croissance mondiale de 0,1%. La croissance économique chinoise, elle, devrait ralentir de 6% à 5,6%. Les pays du G20 se disent prêts à "prendre toutes les mesures économiques additionnelles qui s'imposent pour faire face le cas échéant à une aggravation de l'impact sur l'économie mondiale".
Le ministre des finances américain, Steven Mnuchin, a d'ores et déjà indiqué que les banquiers centraux envisagent différentes options.
Autant dire que ces propos tenus ce week-end ont eu sur les marchés l'effet d'une douche froide. À présent que la multiplication des contaminations se rapproche en termes géographiques, les investisseurs s'inquiètent et se rabattent sur les valeurs refuges. Le taux américain à 10 ans chute de 7 points de base pour retomber à son niveau le plus bas depuis la mi-2016. Il soumet désormais à un test approfondi la limite inférieure du canal latéral avoisinant 1,4%. Vendredi déjà, les taux américains avaient chuté en réaction à la faiblesse des PMI, et le taux à 30 ans avait signé un record à la baisse. En Allemagne, les taux d'intérêt plongent de 2 à 6 points de base. Le taux à 10 ans affiche avec -0,49% son niveau le plus bas depuis octobre dernier. Le différentiel EUR/USD concède à nouveau une partie des gains minimes qu'il avait engrangés après la déception créée vendredi par les PMI américains. D'un autre côté, le dollar a désormais perdu l'avantage des taux d'intérêt. Le différentiel EUR/USD parvient donc provisoirement à se maintenir au-dessus du niveau de soutien crucial de 1,0778. Peut-on en conclure que le coronavirus, en faisant baisser les taux d'intérêt américains, met un frein à la récente ascension du dollar?