Les gilets jaunes font plier Macron
Le président français Emmanuel Macron compte dépenser 10 milliards d'euros de plus que prévu dans l'accord budgétaire actuel en 2019, espérant ainsi mettre un terme au mouvement de protestation des gilets jaunes. Cette décision risque cependant de faire grimper le déficit budgétaire à 3,5% l'année prochaine. Une nouvelle qui doit certainement réjouir le gouvernement italien. Dans ce contexte, comment l'Europe réagit-elle?
Cela fait six semaines que les gilets jaunes sont descendus dans la rue, initialement pour protester contre une nouvelle augmentation des taxes sur le carburant. Mais le mouvement a rapidement élargi ses revendications à d'autres enjeux sociaux, comme par exemple l'écart de pouvoir d'achat entre les différentes couches de la population. Dans un premier temps, Macron a préféré faire la sourde oreille, en pointant les effets négatifs des carburants fossiles sur l'environnement comme principale raison de la hausse des taxes sur les carburants. Un argument qui n'a absolument pas convaincu l'homme de la rue. Les actions se sont donc multipliées et sont devenues plus violentes. Macron a donc fini par plier et a signé un chèque de 10 milliards d'euros dans le but d'apaiser les esprits. Avec ce montant, le président français compte relever les salaires minimums, défiscaliser les heures supplémentaires et les primes de fin d'année et renoncer à la hausse prévue de la fiscalité sur les carburants.
Comment réagit l'Europe?
Les nouvelles dépenses annoncées risquent de faire grimper le déficit fiscal de la France à 3,5% du PIB l'année prochaine. En contradiction donc avec les règles budgétaires européennes, que la France a toujours ardemment défendues. Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, va-t-il réserver à son pays natal le même traitement que celui qu'il réserve à l'Italie depuis quelques mois? Le taux d'endettement de la France est certes plus bas que celui de l'Italie (132%), mais il évolue tout de même en direction des 100% du PIB. Le coup est en outre particulièrement rude pour l'europhile Macron. Alors qu'il était encore qualifié de nouveau sauveur de l'Europe il y a un an et demi, celui-ci se retrouve en effet aujourd'hui dans le même bateau que les eurosceptiques italiens Di Maio et Salvini. Mais l'affaire n'est cependant pas encore réglée pour les gilets jaunes. Ces derniers ont annoncé de nouvelles actions de protestation, alors que certains vont même jusqu'à réclamer la démission du président. Reste maintenant à savoir si cette injection fiscale aura un impact sur les mouvements de protestation.
L'écart entre les taux à 10 ans français et allemand a grimpé hier à 48 points de base, son niveau le plus élevé depuis les élections présidentielles de l'année passée. Il est cependant encore très loin des 285 points de base qui séparent le taux à 10 ans italien de son équivalent allemand. Autre conséquence, les Italiens risquent de se sentir un peu plus forts dans les négociations qu'ils mènent actuellement avec la Commission européenne à propos de leur budget. La question est de savoir si l'Europe pourra toujours se montrer aussi sévère vis-à-vis de l'Italie, alors que la France évolue aussi dans la même direction.