EUR/USD: la barre des 1,0981/89 est atteinte… et cède
Ces derniers jours, les marchés financiers ont enregistré une belle progression. La semaine passée avait pourtant commencé sous de mauvais auspices, avec de lourdes pertes sur les bourses chinoises en raison de la crise du coronavirus. Il s’agissait surtout d’un mouvement de rattrapage par rapport aux marchés du reste du monde, après une fermeture de deux semaines à l’occasion du Nouvel An chinois. Mais ce fut aussi et avant tout le coup d’envoi d’une remontée impressionnante sur les marchés des actions et des taux. Une reprise qui s’est néanmoins essoufflée vers la fin de la semaine; le rapport sur le marché de l’emploi américain publié vendredi s’est avéré positif, mais n’a pas suffi à renverser la tendance. En janvier, l’économie américaine a créé pas moins de 225 000 nouveaux emplois, la croissance salariale a atteint 3,1% et le taux de chômage reste au niveau historiquement bas de 3,6%. Le rapport a donc surpassé les attentes sur toute la ligne – en tout cas, sur papier. Car après un rapport sur l’emploi ADP exceptionnellement élevé publié plus tôt dans la semaine, la barre psychologique était sans doute placée considérablement haut. Les mouvements des cours de la semaine dernière semblent indiquer que le coronavirus perd de sa pertinence thématique sur les marchés. Le fait que le gouvernement chinois incite les entreprises à rouvrir leurs portes aujourd’hui donne à penser que le pire serait heureusement passé. Ainsi, l’attention se portera peut-être davantage sur le calendrier économique… Quelques perspectives.
Commençons par les États-Unis: l’inflation CPI, les ventes au détail et la confiance des consommateurs (Université du Michigan) sont autant de données qui permettent de prendre à nouveau le pouls de l’économie. À cet égard, les données sur les consommateurs retiennent notre attention. Joe Sixpack, c’est-à-dire l’Américain moyen, a de nouveau été un moteur de croissance important au cours du trimestre écoulé. Mais sa contribution s’est amenuisée pour le deuxième trimestre consécutif et a même cédé en importance aux exportations nettes. Le discours semestriel de Powell mérite au moins autant que l’on s’y intéresse. Demain, le président de la Fed sera invité à venir expliquer la politique monétaire devant la Chambre des représentants. Lèvera-t-il un coin du voile sur l’exercice stratégique qui prend fin cette année?
Du côté européen, les regards se tournent principalement vers l’Allemagne. Le pays publiera ses chiffres de croissance vendredi. Des chiffres de production et des commandes industrielles exécrables pour le mois de décembre sont le signe que le malaise industriel persiste. Le risque d’une déception en matière de croissance est donc bien réel et ce, alors que les attentes sont d’ores et déjà modestes (0,1% en glissement trimestriel)… Il convient aussi de surveiller le tumulte politique en Allemagne. À la suite de la rupture du cordon sanitaire autour du parti d’extrême droite AfD par les partis libéraux FDP et CDU dans l’état de Thuringe, les plus hautes sphères du pays sont en pleine effervescence. Le président de ce nouveau gouvernement régional, Thomas Kemmerich (FDP), a démissionné après un jour et a convoqué de nouvelles élections. Une coalition pourrait présider un gouvernement de minorité dirigé par Die Linke avec le soutien de la CDU – le scénario de prédilection de sa figure de proue, Angela Merkel. Mais cette perspective ne suscite pas un enthousiasme unanime. Kramp Karrenbauer vient notamment d’annoncer sa démission du poste de présidente du parti de la CDU. Affaire à suivre…
Sur le marché des changes, la paire EUR/USD s’est distinguée la semaine dernière. Elle n’a guère profité du “risk on”, voire pas du tout: au contraire, la zone de support technique autour des 1,0981/89 a succombé à la pression. L’euro a besoin de nouvelles européennes positives et l’instabilité politique actuelle dans la principale économie du bloc n’arrange rien. En revanche, le dollar a le bénéfice du doute et un large avantage de taux. À court terme, nous voyons peu de raisons d’un revirement prochain du cours EUR/USD.