La RBA continue d'hiberner
Comme globalement attendu, la RBA a maintenu son taux directeur à 0,75%. L'année passée, elle avait procédé à trois baisses de 25 points de base dans le but de stimuler son économie. Les incertitudes provoquées par le conflit commercial opposant les États-Unis à la Chine pesaient sur cette économie ouverte ainsi que sur la confiances (des entreprises).
Le pays connaît également quelques problèmes à l'intérieur de ses frontières. Le consommateur fait actuellement grise mine à cause du poids de son endettement. En outre, la croissance des salaires est faible depuis pas mal de temps (entre 2% et 2,5%). Tout cela n'incite donc pas les consommateurs à dépenser. Le marché de l'emploi se porte en revanche bien (le taux de chômage a chuté à 5,1% en décembre), mais la croissance des revenus disponibles reste pour le moment limitée. La RBA aimerait donc que la croissance des salaires s'accélère. Pas uniquement pour stimuler une inflation qui est inférieure à l'objectif de 2-3% depuis pas mal de temps (1,8%), mais également pour soutenir les dépenses d'un consommateur australien surendetté. La timide reprise observée sur le marché immobilier aide aussi en ce sens.
La banque centrale semble aujourd'hui un peu plus optimiste et estime que les consommateurs pourraient progressivement délier davantage les cordons de leur bourse et que les entreprises pourraient augmenter leurs investissements. Le niveau historiquement bas des taux d'intérêt pour les entreprises et les particuliers, les réductions d'impôts, les remboursements d'impôts et les dépenses réalisées dans les travaux d'infrastructure devraient donner un coup de pouce à l'économie. La RBA table sur une reprise de la croissance économique à respectivement 2,75% et 3% cette année et l'année prochaine, mais estime tout de même que le différend commercial sino-américain continuera de peser sur l'économie australienne, malgré les récentes avancées dans ce dossier. En outre, deux nouvelles sources d'incertitude ont fait leur apparition: le coronavirus chinois et les incendies qui dévastent le pays. La RBA estime que ces deux facteurs laisseront des traces à court terme, mais ne se fait pas trop de soucis quant à leur impact sur le long terme.
En ce qui concerne l'évolution future de sa politique monétaire, la RBA semble avoir décidé de temporiser, du moins pour un temps. Le niveau actuellement bas des taux n'est pas totalement suffisant pour faire baisser davantage le chômage, stimuler la croissance des salaires et doper l'inflation. La banque centrale s'attend à ce que l'inflation grimpe à 2% à moyen terme, soit le niveau inférieur de la fourchette cible, mais répète qu'elle laisse la porte entrouverte à un éventuel assouplissement si l'économie devait en avoir besoin.
Le tableau brossé par la banque centrale australienne est dans l'ensemble positif. Elle veut peut-être ainsi montrer au marché qu'elle a placé la latte pour un nouvel abaissement de taux assez haut. Cela n'empêche pas les marchés de tabler toujours au moins sur un assouplissement cette année. Pour qu'ils revoient leurs prévisions, il faudra surtout que les données s'améliorent (notamment au niveau de la consommation intérieure). Le cours EUR/USD a testé ces derniers jours un plus bas sur plusieurs années et a, ce matin, gagné un peu de terrain après l'annonce de la décision de la RBA. La paire AUD/USD aura besoin d'une amélioration des données intérieures et de calme sur les marchés financiers en général pour définitivement sortir de la zone de support de 0,67.