La Fed garde le cap
politique de l’année hier. Comme prévu, elle n’a pas touché à son taux directeur et l’a maintenu dans une fourchette cible située entre 1,5% et 1,75%."La politique monétaire actuelle est adéquate pour soutenir un retour de l’inflation à l’objectif de 2%", plaide la banque centrale. Cette décision n’a pas surpris les investisseurs, mais la Fed a tout de même légèrement modifié sa formulation.Ainsi, la banque centrale américaine ne qualifie plus la hausse des dépenses des ménages de "forte", mais bien de "modérée". Le président de la Fed, Jerome Powell, se veut néanmoins toujours rassurant et précise qu’il n’y a fondamentalement aucune raison de paniquer.
Soulignons toutefois la petite, mais ô combien révélatrice, modification opérée par la banque dans son discours sur l’inflation. La Fed évoque en effet désormais un retour "à" l’objectif de 2% et plus "aux alentours de" cet objectif. Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, Powell a expliqué que la Fed voulait ainsi clairement montrer qu’elle n’accepterait pas que l’inflation reste inférieure à 2%. La mesure d’inflation favorite de la Réserve fédérale - le déflateur de la consommation privée ("core PCE deflator") - s’élève actuellement à 1,5% (glissement annuel) et n’a plus atteint l’objectif de 2% depuis déjà longtemps. Durant la conférence de presse, Powell a donc montré qu’il était déterminé à lutter contre la spirale négative de l’inflation et des prévisions d’inflation. Il a ainsi placé la barre pour un éventuel relèvement de taux assez haut. Le discours ferme tenu par Powell et la modification lourde de sens apportée au communiqué laissent supposer que la Fed pourrait revoir l’interprétation de son mandat en matière de stabilité des prix une fois son audit interne terminé, au milieu de l’année. Les investisseurs voulaient aussi en savoir plus sur les mesures d’urgence prises au quatrième trimestre de l’année passée afin d’atténuer la nervosité sur le marché monétaire. Powell a expliqué que les achats de bons du Trésor et les opérations repo avaient atteint l’objectif souhaité. En ce qui concerne la modeste hausse (5pb) de deux taux "techniques" liés aux mesures d’urgence, la Fed souligne qu’il s’agit d’un ajustement purement technique qui doit garantir que le taux au jour le jour continue d’évoluer plus ou moins au milieu de sa fourchette cible (1,5%-1,75%). Cet ajustement ne doit donc pas être interprété comme un resserrement de la politique.
La question de savoir si les mesures provisoires allaient/pourraient prendre un caractère permanent est néanmoins restée sans réponse. Les mesures seront démantelées au deuxième trimestre, mais la Fed a fait savoir qu’elle voulait que le marché monétaire reste suffisamment liquide et que son bilan pouvait/devait, à terme, continuer de croître à un rythme naturel.
La réaction des marchés est restée relativement modeste après la communication de la Fed. Les investisseurs sont arrivés à la conclusion que la barre pour un resserrement de taux était encore plus élevée qu’auparavant. Les taux américains ont encore reculé d’un cran, après avoir déjà baissé à cause du coronavirus. Powell s’est d’ailleurs aussi attardé sur cette crise. Il estime que ce virus constitue un risque économique, mais il a ajouté qu’il était encore trop tôt pour spéculer sur les éventuelles conséquences. Le cours EUR/USD se maintient pour le moment aux alentours du niveau de support de 1,10, en attendant la publication du chiffre du PIB américain cet après-midi (consensus: 2% en glissement trimestriel). Le cours pourrait ne pas baisser davantage, mais dans le contexte actuel (cf. le coronavirus) et en attendant le chiffre du PIB européen demain (consensus: 1,1% en glissement trimestriel), il ne faut vraisemblablement pas s’attendre à un net rebond.