La BoC ouvre la porte à un assouplissement

Les marchés

Hier, la Banque centrale canadienne a, comme prévu et pour la dixième fois consécutive, laissé son taux directeur inchangé à 1,75%. Tout le monde a cependant été surpris par la volte-face opérée par le gouverneur Stephen Poloz dans le communiqué. Ce dernier, qui faisait partie des rares à s’être opposés à la vague d’assouplissement que nous avons connue l’année passée, a en effet brusquement changé son fusil d’épaule hier, abandonnant ainsi l’optimisme qu’il affichait encore lors de la réunion de décembre. Au dernier mois de l’année passée, le gouverneur pointait encore la vigueur de l’économie canadienne et estimait que le taux directeur se trouvait à un "niveau approprié". Il a donc changé d’avis depuis lors.

Poloz est inquiet et les marchés sont surpris

Poloz s’inquiète à propos de l’économie canadienne et a réduit sa prévision de croissance pour le quatrième trimestre de 2019 à 0,3% (glissement trimestriel) sur une base annualisée. Pour le premier trimestre de 2020, la banque table sur une légère reprise à 1,3% (glissement trimestriel) sur une base annualisée, mais cela ne suffira pas à compenser le reste de l’année. 2020 s’annonce en effet moins encourageante, avec une révision à la baisse de 1,7% à 1,6%. Poloz a évoqué les dernières données publiées - dépenses des consommateurs, investissements des entreprises... - qui n’ont rien de vraiment réjouissant. Et d’autres facteurs exceptionnels comme les conditions climatiques, les grèves ou les évolutions des stocks n’ont pas non plus aidé.

Le moment choisi a, à première vue, de quoi surprendre. À l’heure où certains banquiers centraux semblent pousser un soupir de soulagement après l’apparition de plusieurs signes positifs (Brexit, accord commercial sino-américain...), Poloz semble lui se réveiller d’un profond sommeil. Dans son rapport, la Banque du Canada explique que les capacités inutilisées ont encore augmenté et que cela risque de peser sur la pression inflationniste, un argument qui ouvre la porte à un assouplissement. La banque centrale suivra de près l’évolution des chiffres et agira en conséquence.
Les investisseurs ont été pris de court par ce revirement. Les taux du marché monétaire canadiens ont été poussés à la baisse, avec des reculs de l’ordre de 7 à 10 points de base. Et les les attentes relatives au taux directeur ont également été adaptées. Les marchés évaluent désormais la probabilité d'une baisse de taux en avril à 27%. Le dollar canadien a perdu du terrain en raison de la détérioration des perspectives et de la perte de soutien des taux. Le cours USD/CAD s’est apprécié, de 1,3050 en direction de 1,3150. La volte-face de Poloz laisse supposer que le cours pourrait encore grimper au sein de son étroite fourchette de fluctuation située entre USD/CAD 1,30 et 1,34.

Coup d’œil sur la Norvège

La banque centrale norvégienne s’est également réuni aujourd’hui. Comme prévu, elle a décidé de laisser son taux directeur inchangé à 1,5%. La Norges Bank a mis un terme à son cycle de resserrement monétaire en septembre en raison des incertitudes mondiales. Le gouverneur, Øystein Olsen, a expliqué que l’économie norvégienne était proche d’un pic cyclique et que le taux directeur serait provisoirement maintenu à son niveau actuel. Les investisseurs n’ont donc rien eu de neuf à se mettre sous la dent. Résultat, la couronne norvégienne n’a pratiquement pas bougé suite à l’annonce de la décision de la banque centrale.

Cours USD/CAD surpris par les commentaires de Poloz.

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

La livre en chute libre

La livre en chute libre

Pas de Brexit monétaire

Pas de Brexit monétaire

Remise en question pour la Banque d’Angleterre

Remise en question pour la Banque d’Angleterre

Le FMI s’attend à une reprise lente et inégale

Le FMI s’attend à une reprise lente et inégale