L'environnement "risk-off" profite à peine au dollar
L'actualité de ces derniers jours a été dominée par les tensions entre les États-Unis et l'Iran et leurs possibles répercussions sur l'économie mondiale et les marchés. Ces derniers ont réagi de manière dispersée. Les bourses ont été particulièrement touchées. Les obligations allemandes et américaines en ont profité, même si la baisse des taux est restée relativement limitée. Le marché des changes s'est montré étonnamment calme. Petit tour d'horizon.
En période de tensions (géopolitiques), le yen japonais, le franc suisse et le dollar américain jouent généralement un rôle de valeur refuge. Les deux premières devises sont considérées comme sûres en raison de leurs réserves financières par rapport au reste du monde. Quant au dollar, il reste jusqu'à nouvel ordre la monnaie de réserve par excellence. L'Europe affiche aussi un excédent extérieur, mais sa situation économique plus fragile, ses grandes différences internes et la complexité de son cadre institutionnel empêchent souvent l'euro de jouer un rôle de valeur refuge. Dans un climat d'incertitude, la monnaie européenne a plutôt tendance à être sur la défensive. Quant aux devises des pays émergents et des plus petits pays, elles sont souvent en difficulté en période d'instabilité généralisée. Cela peut être lié à une faiblesse des fondamentaux économiques, mais le manque de liquidité des plus petites devises constitue aussi un (gros) désavantage. En période d'incertitude, les investisseurs internationaux veulent toujours pouvoir adapter leurs positions (importantes). Or, cela n'est souvent pas possible avec des devises de plus petite taille, même si celles-ci bénéficient d'une bonne situation économique et financière. Voyons maintenant comment le marché des changes a réagi au regain de tensions entre les États-Unis et l'Iran ces derniers jours.
Premier constat: les mouvements sur le marché des changes sont restés assez limités. Le yen et le franc suisse ont gagné un peu de terrain. Les gains du dollar US (pondéré des échanges commerciaux) ont été très modestes. Les plus petites devises comme les couronnes norvégienne et suédoise et les devises d'Europe centrale, qui sont généralement sous pression dans un tel contexte, ont étonnamment bien résisté. Comme toujours, il est difficile de trouver la raison exacte de ce type de mouvement de marché. Le dollar aurait-il perdu une partie de son pouvoir d'attraction en tant que valeur refuge à cause de l'implication des États-Unis dans le conflit? C'est possible.
La réaction des marchés confirme en tous les cas des tendances qui s'étaient déjà dessinées en décembre. L'espoir d'une reprise économique en raison du recul des incertitudes autour du conflit commercial et du Brexit avait déjà à ce moment-là joué en faveur de l'euro et pesé sur le billet vert. Les devises plus petites et moins liquides s'étaient également bien comportées. Et les devises qui étaient restées à la traîne l'année dernière, comme la couronne norvégienne, avaient notamment entamé un mouvement de rattrapage.
Les tensions entre les États-Unis et l'Iran constituent incontestablement une nouvelle source d'incertitude et de volatilité qui risque de peser sur les marchés pendant encore un certain temps. Toutefois, les mouvements de cours de ces derniers jours montrent que les tendances de marché observées à la fin de l'année passée sont plus solides que prévu. Les évolutions de ces derniers jours prouvent que la confiance dans le billet vert n'est certainement pas très élevée (voir le graphique). Et la publication de données moins favorables aux États-Unis pourrait encore alimenter le doute. Un dollar faible constitue généralement une bonne nouvelle pour les devises des marchés émergents et les devises moins liquides. Ce sont surtout les devises de plus petits pays où les taux ont été maintenus artificiellement bas pendant longtemps et où l'inflation repart (spéculation sur les taux) qui pourraient en profiter.