Trump rendosse le costume de "Tariffman"
Les marchés financiers semblaient se diriger vers une fin d'année positive, grâce à des développements géopolitiques et des données économiques (plus) favorables. Mais ce calme apparent vient à nouveau d'être perturbé.
La journée d'hier avait démarré sur une note positive, avec la publication de PMI finaux meilleurs que prévu pour l'industrie manufacturière en Chine et en Europe. Les investisseurs en ont déduit que le pire était peut-être passé. Combiné à la perspective d'une possible relance budgétaire en Allemagne après le virage à gauche opéré à la tête du SPD, cela a donc donné un coup de pouce aux bourses, qui ont gagné du terrain (en Europe). Mais c'était sans compter sur le caractère imprévisible du président américain, Donald Trump...
Chasser le naturel, il revient au galop
Trump a de nouveau montré son meilleur visage hier en lançant de nouvelles attaques sur le front commercial. Ses victimes (jusqu'à présent): l'Argentine, le Brésil et la France. Le président américain a ressorti ses droits de douane sur l'acier et l'aluminium brésiliens et argentins. Trump accuse les pays d'Amérique latine de fortement déprécier leurs monnaies et ce, au détriment de paysans américains, une partie importante de son électorat. Mais l'Europe n'est pas non plus à l'abri. Trump envisage en effet d'instaurer des droits de douane sur 2,4 milliards de dollars de marchandises françaises, en représailles de la taxe numérique introduite dans l'hexagone. La Maison Blanche considère cette mesure, qui vise les firmes technologiques, comme déloyale, car elle cible principalement des entreprises américaines. Ce nouveau front ouvert par Trump dans la guerre commerciale a pour effet d'accroître les incertitudes, ce que les marchés n'apprécient pas. En outre, les investisseurs ont eu à digérer d'autres mauvaises nouvelles hier, avec le nouveau ralentissement enregistré dans l'industrie manufacturière US. Contre toute attente, l'indice ISM est en effet passé de 48,3 en octobre à 48,1 en novembre, atténuant ainsi l'impact des nouvelles positives en provenance de Chine et d'Europe. "Higher, higher and fire!" Après huit semaines de hausse, les investisseurs sont massivement passés à la caisse et ont fait plonger les bourses (américaines).
La roue tourne en défaveur des États-Unis
Les données positives publiées d'un côté de l'hémisphère et les chiffres décevants parus de l'autre, combinés à une nouvelle salve de mesures commerciales, ont entraîné une étrange situation sur les marchés: des bourses dans le rouge, des taux en hausse et un dollar plus faible. Le regain d'incertitude sur le front commercial n'a quasiment pas eu d'incidence sur les taux dans le monde. Ces derniers semblent surtout accorder de l'importance aux données publiées en Chine et en Europe, lesquelles indiquent que le pire pourrait être passé au niveau des tensions commerciales. Le débat autour de la relance budgétaire soutient également la tendance haussière des taux. Le taux à 2 ans américain a néanmoins reculé de 3pb après la parution de l'ISM, ce qui a pesé sur le dollar. Le cours EUR/USD a progressé, tant en raison d'un renforcement de l'euro qu'à cause d'un affaiblissement du billet vert. La paire de devises a grimpé dans la zone de EUR/USD 1,10. La monnaie européenne a (provisoirement) repris le dessus. Reste à voir si les taux continueront de progresser et si le cours EUR/USD confirmera sa reprise et testera le niveau de résistance de EUR/USD 1,11 en plein regain des tensions commerciales. Une rupture au delà de EUR/USD 1,11 marquerait une nouvelle amélioration sur le plan technique à court terme.