PMI peu convaincants pour l'UEM
Les marchés viennent de connaître une semaine compliquée. Les investisseurs sont constamment ballottés par des annonces contradictoires concernant les dernières avancées (ou le manque d'avancées) dans les discussions commerciales entre la Chine et les États-Unis. Généralement, le marché réagit tout de même un peu, mais toujours avec en arrière-pensée l'idée qu'un nouveau signal contradictoire peut arriver à tout moment. Au final, cette ambiance débouche sur des marchés sans réelle direction et généralement avec peu de volumes. Beaucoup d'investisseurs ne veulent pas être à chaque fois pris par surprise et préfèrent donc temporiser en attendant qu'une première phase de l'accord commercial soit signée. Le marché espère que cet accord contiendra un minimum d'avancées. Le texte devra au moins prévoir un cessez-le-feu durant lequel les deux parties s'abstiendront de prendre des nouvelles mesures, que ce soit au niveau des droits de douane ou au niveau d'autres blocages. À cet égard, il faudrait que les hausses de taxes sur les marchandises chinoises prévues par Washington pour le 15 décembre soient supprimées ou postposées jusqu'à la signature de l'accord. De manière plus générale, les marchés ont besoin de plus de clarté. Dans l'idéal, il faudrait naturellement aussi que les précédents droits de douane (ou une partie d'entre eux) soient supprimés et qu'un accord soit également trouvé sur d'autres sujets délicats tels que les aides d'État et la protection de la propriété intellectuelle. Cela paraît pour le moment peu réaliste. Dans un premier temps, les entreprises et les marchés veulent surtout un cadre de référence stable. Même s'il n'est pas optimal, la présence d'un cadre qui ne change pas à tout bout de champ permettra de recommencer à construire et une reprise pourra alors s'enclencher.
Nous n'en sommes pas encore là. Depuis septembre, le marché se prépare toutefois prudemment à un scénario où les risques extrêmes (que ce soit le conflit commercial ou le Brexit) pourraient être maîtrisés. Rien n'est encore certain, mais dans une prochaine étape, il faudra voir si les espoirs du marché commencent également à se refléter dans les indicateurs économiques avancés. À cet égard, nous venons juste de recevoir un "reality check", avec l'indicateur de confiance PMI pour l'UEM. Il s'agissait ici surtout de voir si l'activité dans l'industrie manufacturière montrait des signes d'amélioration.
Les nouvelles sont modérément positives. Des signes de stabilisation sont ainsi observés dans l'industrie manufacturière cyclique, que ce soit en France (51,6 contre 50,7), en Allemagne (43,8 contre 42,1) ou dans l'UEM en général (46,6 contre 45,9). Mais le nouveau ralentissement dans le secteur des services, qui avait jusqu'à présent bien résisté dans la plupart des pays, constitue en revanche une moins bonne nouvelle. Résultat, les PMI généraux font du surplace (France/Allemagne) ou se sont même encore un peu repliés (de 50,6 à 50,3 pour l'UEM).
Cela nous ramène une nouvelle fois à la situation du verre à moitié plein ou à moitié vide. Le marché hésite, mais reste finalement fragile. L'euro et les taux ont tenté une petite percée, mais ont rapidement rebroussé chemin. Nous devons bien l'avouer, nous espérions aussi un peu plus. Mais cela ne nous empêche tout de même pas de voir le verre à moitié plein. Dans le contexte actuel, nous accordons un peu plus d'importance à l'amélioration observée dans l'industrie manufacturière cyclique, qui était à la base du recul, y compris dans le secteur des services. Si le contexte international se stabilise (il s'agit évidemment d'un grand SI), une timide reprise pourrait alors s'enclencher. Cela permettrait d'alimenter le "reflation trade" (amélioration des bourses, légère hausse des taux, timide reprise de l'euro) de cet automne. La réaction prudente (à juste titre) du marché aujourd'hui montre que celui-ci avait déjà en partie anticipé ce type de bonnes nouvelles et qu'il n'y a plus beaucoup de marge pour des mauvaises surprises ou des chocs.