RBA: easing come, easing go
Hier, la RBA a décidé de maintenir son taux directeur inchangé à 0,75 %.. Après trois abaissements des taux (3x -25 points de base), la banque centrale australienne reprend son souffle et adopte une attitude expectative en attendant que les abaissements des taux opérés précédemment relancent l'économie. La fragilité du consommateur et les tensions géopolitiques planent comme une épée de Damoclès sur l'économie australienne. La longue période qui se caractérisait par une augmentation limitée du revenu disponible et un endettement substantiel des ménages a laissé des traces et pèse sur les dépenses des consommateurs. À en juger par la faiblesse des ventes au détail publiées cette semaine (0,2% en glissement mensuel en septembre), qui vient s'ajouter à la confiance vacillante des consommateurs (-5,5% en octobre), le bout du tunnel n'est pas encore en vue. Les problèmes internationaux ne font qu'aggraver le malaise ambiant. Le conflit commercial opposant la Chine et les États-Unis induit toujours un risque pour la croissance. En dépit de l'espoir créé par les récents développements dans ce dossier, les marchés aimeraient surtout un accord noir sur blanc. L'expérience du passé nous a en effet appris que les rumeurs et les accords verbaux peuvent rapidement partir en fumée.
Entre espoir et crainte
Philip Lowe ne perd cependant pas espoir et est d'avis que l'économie australienne se rapproche d'un "doux revirement". "Le bas niveau des taux d'intérêt, les récentes réductions d'impôts, les dépenses consenties en ce moment en faveur de l'infrastructure, la remontée des prix de l'immobilier sur certains marchés et l'amélioration des perspectives du secteur des matières premières sont autant d'éléments de nature à soutenir la croissance." Philip Lowe compte à présent sur le processus de transmission monétaire pour produire ses effets, mais laisse néanmoins prudemment la porte entrouverte. La RBA reste vigilante et "est prête à assouplir encore davantage la politique monétaire si le besoin s'en fait sentir, afin de soutenir la croissance durable de l'économie, de réaliser le plein emploi et d'atteindre à moyen terme l'objectif d'inflation".
La tournure des événements est en tout cas de bon augure pour Philip Lowe. Quelques gros nuages qui obscurcissaient le contexte international sont en train de se dissiper. Les marchés ont bon espoir que les États-Unis et la Chine parviennent bientôt à conclure un accord commercial intermédiaire, le Brexit a été reporté et les indicateurs économiques laissent entrevoir quelques signes prudents de stabilisation. L'amélioration générale du sentiment à l'égard du risque suscite l'optimisme sur les marchés. Les bourses sont en pleine ascension, tandis que les taux d'intérêt sont en proie à une tendance baissière.
La décision de marquer une pause dans le cycle d'assouplissement après l'abaissement des taux opéré en octobre était dans une large mesure attendue vu l'amélioration marginale du chômage et l'augmentation modérée de l'inflation. Les investisseurs tolèrent (provisoirement) que la RBA reprenne son souffle, et ne tablent plus sur un abaissement complet des taux. Le différentiel AUD/USD n'a pas laissé entrevoir de réaction notable. La devise a surmonté un premier obstacle en franchissant le niveau de résistance à court terme de 0,69 AUD/USD. La récente vigueur de la devise australienne exprime avant tout le climat généralement favorable au risque. Le différentiel AUD/USD pourra poursuivre sur sa lancée si l'accord intermédiaire entre la Chine et les États-Unis est ratifié noir sur blanc ce mois-ci, ou si les indicateurs économiques globaux laissent entrevoir une amélioration. Une poursuite de la progression au-delà du niveau de résistance de 0,69 AUD/USD romprait la tendance baissière que l'on observe depuis le début de l'année.
Youssra El Nasire, salle des marchés KBC