PMI européens: une stagnation, mais pas encore d'amélioration
La semaine passée, le baroud d'honneur de Mario Draghi et les évolutions dans le dossier du Brexit ont fait passer au second plan les enquêtes PMI mensuelles menées auprès des directeurs d'achat. Nous avons déjà souvent insisté sur l'importance de ces PMI, en tant que meilleur instantané possible de la situation économique. La conclusion après les chiffres du mois d'octobre est que le patient n'est pas encore en voie de guérison, mais que son état ne se dégrade plus.
L'indicateur PMI composite pour la zone euro a très légèrement progressé, de 50,1 en septembre - son niveau le plus bas enregistré depuis le début du cycle de croissance en Europe en 2013 - à 50,2. Pour rappel: la barre des 50 points marque la frontière entre expansion et contraction. L'économie européenne est donc toujours en stagnation en ce début de quatrième trimestre. Les données font état d'une dynamique de croissance de 0,1% sur une base trimestrielle. La progression dans les secteurs des services nationaux (de 51,6 à 51,8) a permis de compenser les pertes subies dans l'industrie manufacturière axée sur les exportations (45,7, comme en septembre). Cela fait maintenant déjà neuf mois que le malaise perdure au sein de l'industrie manufacturière. Les indicateurs avancés, comme les nouvelles commandes (à l'exportation), ne pointent encore aucune amélioration. Les entreprises ont plus que comblé leur retard ces derniers mois et affichent aujourd'hui une surcapacité. L'impact sur l'emploi est palpable. Dans l'industrie manufacturière, les entreprises n'avaient plus supprimé autant de postes depuis début 2013, alors que le rythme des créations d'emplois dans le secteur des services n'avait plus été aussi lent depuis 2016. Nous serons particulièrement attentifs à ce dernier point. Si le contexte international commence à toucher la consommation intérieure, la décélération/stagnation actuelle pourrait alors dégénérer en récession.
Outre ces différences sectorielles, nous constatons également des divergences entre les pays. La France a ainsi surpris dans le bon sens, alors que la situation en Allemagne s'est encore détériorée. Le PMI français est passé de 50,9 à 52,6. L'amélioration touche tant l'industrie manufacturière (de 50,1 à 50,5) que le secteur des services (de 51,1 à 52,9). Contrairement à ce qui se passe en Allemagne, les carnets de commandes sont de nouveau remplis chez nos voisins d'outre-Quiévrain. En ce qui concerne l'Allemagne, l'optimiste pointera surtout la diminution du ralentissement dans l'industrie manufacturière, alors que le réaliste se concentrera sur les signes de recul observés dans le secteur des services. La composante générale de l'emploi est retombée sous la barre des 50 points pour la première fois en six ans. L'économie allemande devrait, comme au deuxième trimestre, afficher une très légère contraction et, dans le meilleur des cas, stagner au dernier trimestre.
Le trimestre qui vient s'annonce crucial. Nous avions espéré que le regain d'optimisme observé dans le dossier du Brexit depuis le milieu du mois passé se refléterait déjà un peu dans les chiffres. Nous n'abandonnons pas encore cet espoir. En outre, il est probable que les États-Unis et la Chine parviendront à un accord commercial partiel officiel à la mi-novembre, lorsque les présidents Trump et Xi Jingping se rencontreront en marge du sommet de l'APEC au Chili. Cela a suffi pour que l'indice boursier américain de référence S&P 500 batte un nouveau record historique. Les marchés (des taux) accordent de nouveau provisoirement le bénéfice du doute à l'économie. Les taux européens ont dépassé de premières barrières techniques et ont laissé leurs planchers du mois d'août derrière eux.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC