La croissance européenne a besoin des exportations
Tous les indicateurs avancés font état d'une détérioration du sentiment économique. Une dégradation qui est évidemment notamment due aux nombreuses incertitudes et tensions dans l'économie mondiale. Les chiffres de croissance réels montrent des différences sur le plan géographique, mais tous les analystes sont tout de même devenus moins optimistes en ce qui concerne les principales économies. La question est donc de savoir ce qui pourrait inverser cette tendance. D'un point de vue macroéconomique, le salut pourrait surtout venir des exportations. Mais cela risque de ne pas être facile en cette période de conflits commerciaux et de désintégration économique.
Malgré l'affaiblissement généralisé de la croissance, surtout dans la zone euro, force est de constater que la consommation et les investissements se portent toujours bien. La confiance des consommateurs reste donc positive, malgré la légère dégradation du sentiment ces derniers temps. En outre, les marchés du travail continuent de tourner à plein régime. L'emploi progresse, le revenu disponible global augmente et la croissance des salaires repart aussi progressivement à la hausse. La faiblesse des taux d'intérêt continue en outre de stimuler les investissements, malgré un environnement économique plus incertain. L'accroissement de la demande des consommateurs et des investisseurs continue dès lors de soutenir la croissance économique, mais cette influence positive est en partie annulée par l'augmentation des importations. Nous observons en effet une accélération de la croissance des importations quasiment partout en Europe. Souvent, un tel phénomène va de pair avec un affaiblissement voire une croissance négative des exportations, avec pour résultat que les exportations nettes ne contribuent plus positivement à la croissance.
Il est peu probable que la consommation et les investissements parviendront à eux seuls à relancer le moteur de la croissance européenne. Surtout avec les pertes qu'implique une hausse des importations. Il est donc crucial que le moteur des exportations redémarre. L'indicateur avancé des commandes à l'exportation pointe cependant l'évolution inverse : dans quasiment tous les pays, les entreprises s'attendent à un (nouveau) recul de (la croissance de) leurs exportations. Le salut pourrait surtout venir du côté de l'offre, avec des initiatives tournées vers l'international, le lancement de nouveaux produits et l'exploration de nouveaux marchés. Une politique de stimulation des exportations, dénuée de toute forme de protectionnisme, pourrait ici aider. En revanche, une attitude passive ne résoudra rien vu que la demande internationale est actuellement sous pression à cause de la multiplication des obstacles au commerce mondial.
L'évolution des exportations devra donc être suivie de très près dans les prochains mois. Un rebond de celles-ci pourrait avoir un impact positif sur la croissance, alors qu'un recul ne ferait que confirmer l'affaiblissement structurel actuel de l'économie. En Belgique par exemple, nous constatons que les exportations totales sont en baisse cette année (voir le graphique : indice sur une base mensuelle - croissance en glissement annuel), après un recul des commandes à l'exportation depuis quelque temps. Depuis quelques mois, nous observons cependant des différences sur le plan géographique : alors que les exportations vers l'Allemagne ont diminué, celles vers la Chine se sont stabilisées, ce qui donne tout de même une petite lueur d'espoir. Nous attendons donc avec impatience les prochains chiffres des exportations.