Soulagement à la suite de “payrolls”
La semaine dernière, les investisseurs américains ont retenu leur souffle. À chaque début de mois, la plus grande économie du monde jusqu’à nouvel ordre subit un contrôle de santé économique important. Les premiers chiffres n’auguraient rien de bon: l’indice ISM de confiance des entreprises de l’industrie manufacturière a chuté (47,8). Le secteur des services a montré les premiers signes de “contagion” (52,6 contre 56,4). Le rapport sur l’emploi officieux (de septembre) d’ADP était proche des attentes, mais la forte révision à la baisse du mois d’août a donné du grain à moudre aux investisseurs. Vendredi, le marché a attendu les “payrolls” officiels dans un état de tension.
Finalement, le rapport américain sur l’emploi pour septembre ne s’avère pas mauvais du tout. 136 000 nouveaux emplois ont été créés. C’est un peu moins que prévu (145 000), mais ce chiffre s’accompagne d’une révision positive de celui d’août (168 000 au lieu de 130 000). L’industrie manufacturière cyclique a cependant sabré des emplois pour la deuxième fois cette année (-2 000). Le taux de chômage est passé de 3,7% à 3,5%, un niveau équivalent à celui du magnifique “summer of 69”. En outre, la baisse s’accompagne d’un taux de participation stable (63,2%), le dénominateur de la fraction du calcul du taux de chômage. D’un autre côté, ceux qui craignaient une surchauffe du marché du travail ont pu dormir sur leurs deux oreilles ce week-end: pour la première fois depuis fin 2014, la croissance salariale a stagné en septembre. En base annuelle, la croissance salariale a culminé au mois de février de cette année (3,4%). Depuis lors, la tendance s’est inversée pour aboutir à 2,9% en septembre.
Le marché a réagi avec soulagement: “Not too hot, not too cold” est le verdict. Pour le moment en tout cas, ce rapport sur l’emploi satisfaisant a calmé les angoisses de récession qui s’étaient intensifiées ces derniers temps. En outre, les attentes du marché relatives à une politique de taux plus accommodante de la Fed en raison du manque de pression (salariale) inflationniste se maintiennent. Les investisseurs évaluent actuellement la probabilité d’une nouvelle (troisième) baisse de taux en octobre à 79%, contre 83% avant la publication du rapport. Pas d’agitation non plus sur le marché des taux: la partie courte de la courbe américaine a gagné 1-1,6 pb et la baisse à la partie (très) longue s’est limitée au même ordre de grandeur. En ce qui concerne le dollar, le constat n’a pas changé: le cours USD/JPY a légèrement remonté jusqu’à près de 107, tandis que le cours EUR/USD s’est plus ou moins stabilisé dans le haut de la zone 1,09. La semaine dernière, les performances de cette dernière paire de devises ont quelque peu déçu, étant donné les données américaines faibles/mitigées. Pour l’instant, le dollar se maintient assez bien. Le billet vert peut compter sur un différentiel de taux solide vis-à-vis de l’euro, bien que celui-ci se soit réduit de pas moins de 20 pb ces derniers jours. De son côté, la monnaie unique européenne a ses propres problèmes, comme l’a encore illustré ce matin la faiblesse des commandes industrielles allemandes (-0,6% en glissement mensuel).
Nous pensons qu’à court terme, le dollar gardera le dessus. La semaine qui suit les payrolls est généralement un peu plus calme. Des chiffres économiques cruciaux, américains ou européens, ne tomberont pas pour le moment. Dans l’intervalle, le contexte incertain (commerce, Brexit…) profitera probablement plus au dollar qu’à l’euro. D’un point de vue technique, le “gap” 2017 EUR/USD 1,0778/1,0821 est le prochain seuil de résistance pertinent.