Le consommateur américain tient bon
Les taux ont continué de se redresser vendredi. Aux États-Unis et dans la zone euro, les taux à long terme ont ainsi de nouveau grimpé de 10 points de base. Les taux à 10 ans allemand et américain flirtent avec d'importants niveaux de résistance tournant autour de respectivement -0,40% et 1,94%. Il est rapidement apparu que l'opposition en interne contre les mesures de stimulation de la BCE étaient plus importantes que n'avait voulu l'admettre Mario Draghi lors de sa conférence de presse. Ainsi, Weidmann, Knot et Holzman se sont notamment montrés plus critiques qu'à l'accoutumée.
Outre ce repositionnement des taux en Europe, les marchés ont également dû intégrer de nouvelles publications de chiffres aux États-Unis. Les ventes au détail outre-Atlantique ont ainsi progressé davantage que prévu en août: 0,4% contre 0,2% (glissement mensuel). Les chiffres de juillet ont par ailleurs été revus à la hausse, de 0,7% à 0,8% (glissement mensuel). On peut donc de prime abord en déduire que le consommateur américain continue de jouer son rôle de moteur de l'économie. Le ralentissement de la croissance mondiale, qui se fait ressentir au niveau de l'industrie manufacturière tournée vers les exportations, n'a pour le moment pas encore eu d'impact sur les secteur des services, axé sur le marché intérieur, et le marché du travail. La consommation représente grosso modo 70% du PIB américain. Au deuxième trimestre, sa part dans la croissance a grimpé à un niveau absolu qui n'avait plus été atteint depuis 2014. Le spectre d'une récession aux États-Unis peut donc pour le moment encore être écarté. Les détails montrent cependant que la hausse au niveau du groupe de contrôle n'avait plus été aussi lente depuis 6 mois et que les ventes ont reculé dans 7 des 13 sous-catégories. Après les ventes au détail, un indicateur de confiance des consommateurs pointant une reprise plus forte que prévu en septembre a également été publié. Le cours EUR/USD, qui avait testé le niveau de résistance de 1,1112 en début de matinée, est repassé sous la barre de 1,11 après la parution de ces statistiques.
Sous l'influence des chiffres économiques et des mesures prises par les banques centrales (dans le monde), les investisseurs sont revenus sur leur position selon laquelle la Réserve fédérale allait devoir encore (beaucoup) assouplir sa politique monétaire cette année. Une intervention (baisse de taux de 25 points de base) est prévue pour la réunion de ce mercredi, mais les paris sont ouverts pour la suite. Nous pensons que les nouvelles projections des gouverneurs intégreront encore un assouplissement préventif supplémentaire au dernier trimestre. À la mi-août, le marché des taux à court terme estimait encore la probabilité de baisses de taux en septembre, octobre et décembre à 55%. Ce pourcentage s'élève à 20% aujourd'hui. La probabilité de deux ou une baisse(s) de taux est évaluée à respectivement 50% et 30%.
Un important mouvement a été observé ce matin sur le marché du pétrole. Le cours du baril de Brent est passé de 60 à 66 dollars suite à une attaque contre des installations pétrolières saoudiennes qui ont réduit de moitié la production du pays. Il est difficile de dire combien de temps cette situation durera, mais à court terme, la perte est compensée via les réserves saoudiennes/internationales. Cette hausse du cours de l'or noir (choc négatif de l'offre) n'a eu aucune ou quasiment aucune influence sur les autres parties de marché.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC