Fin de la tendance baissière pour les taux?
Le jour de la fête nationale aux États-Unis (4 juillet) marque traditionnellement le début de la "trêve estivale" sur les marchés financiers. Les volumes diminuent et les investisseurs sont moins enclins à prendre d'importantes nouvelles positions. Cette année, la période d'accalmie a démarré avec un jour de retard, car les marchés attendaient encore la publication du rapport officiel sur le marché du travail ("payrolls") du Bureau des statistiques de l'emploi américain pour le mois de juin.
224 000 nouveaux postes ont été créés aux États-Unis en juin. La déception du mois de mai (+72 000) a donc été rapidement oubliée. Le marché s'attendait à seulement 160 000 emplois supplémentaires. Le taux de chômage a très légèrement augmenté (3,7%), mais le taux de participation s'est amélioré (62,9%). Les salaires ont progressé plus ou moins comme prévu, de 0,2% sur une base mensuelle et 3,1% sur une base annuelle. Le marché du travail se porte donc comme un charme! Ces bons chiffres ont fini par provoquer des prises de bénéfices sur le marché des obligations souveraines, qui était en hausse depuis déjà plus de six mois. Les taux, qui sont inversement corrélés, ont donc quitté leurs planchers. Le dollar en a profité vu que les taux ont davantage grimpé aux États-Unis qu'en Europe. Le cours EUR/USD dépasse ainsi de nouveau légèrement la barre de 1,12.
Nous pensons que les "payrolls" pourraient marquer le début d'une période de consolidation sur les marchés des taux. Ces derniers pourraient même encore légèrement augmenté en attendant la réunion de la Fed de fin juillet. Un raisonnement qui, à première vue, pourrait paraître contradictoire. En effet, la banque centrale américaine devrait en principe abaisser son taux directeur lors de cette réunion, afin de soutenir l'économie et la protéger contre tous les éventuels chocs commerciaux. Le marché des taux anticipe déjà depuis quelque temps un scénario de croissance extrêmement pessimiste et un net assouplissement de la politique monétaire. Les "payrolls", mais aussi les indicateurs de confiance des entreprises ISM, ont néanmoins montré la semaine passée que les pires scénarios catastrophes n'étaient pour le moment pas encore à l'ordre du jour. Les investisseurs qui tablaient sur une baisse de taux de la Fed de 50 points de base en juillet ont donc fait marche arrière et se sont alignés sur le consensus (-25 points de base).
Maintenant que les marchés tournent au ralenti, que les principaux chiffres du mois ont été publiés aux États-Unis, que les négociations commerciales sino-américaines sont sorties de l'impasse et que tous les observateurs sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne la Fed, les marchés des taux pourraient reprendre leur souffle après s'être fortement repliés. Le taux à 10 ans américain se maintient autour du niveau de support crucial de 2%, alors que le taux de swap à 10 ans européen (0,07%), le taux à 10 ans belge (-0,07%) et le taux à 10 ans allemand (-0,40%) viennent de toucher des plus bas absolus. Sur le marché des changes, une correction haussière des taux jouera encore en faveur du dollar à court terme. Les principaux seuils pour la paire EUR/USD se situent à 1,1181 et 1,1107. Une rupture en dessous de ces niveaux nous semble peu probable. Nous continuons de penser que les États-Unis possèdent, à terme, davantage d'atouts - politiques, fiscaux et monétaires - pour affaiblir leur monnaie que l'UEM.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC