Un dollar faible à l’approche du G20?
Ces dernières semaines, les principales banques centrales ont envoyé un signal clair aux marchés. L’économie mondiale montre des signes de faiblesse et l’incertitude (géopolitique) demeure importante. Les banquiers centraux, Draghi et Powell en tête, sont cependant prêts à lui porter secours si l’élan économique devait s’essouffler davantage. Les marchés des taux aux États-Unis, en Europe et dans toute une série d’autres pays se sont ainsi préparés à des abaissements de taux ou à d’autres formes d’assouplissement.
Dans ce contexte, vendredi dernier, l’indicateur PMI de confiance des entreprises de l’UEM a été une sorte de rappel à la réalité positif. Le rapport n’avait rien de renversant, mais il y a eu des pointes positives en France et dans une moindre mesure, en Allemagne. L’industrie manufacturière reste faible, mais pourrait être en cours de stabilisation. La croissance du secteur des services se maintient. Les taux européens restent extrêmement bas, mais ont grimpé de quelques points de base. Faut-il en conclure que pour l’instant, les mauvaises nouvelles et/ou la stimulation de la BCE ont été suffisamment intégrées par les marchés? Les taux américains n’ont plus baissé non plus, bien que les données américaines (certes secondaires) n’aient guère été convaincantes. L’euro a aussi reçu le signal cinq sur cinq. Le cours EUR/USD a dépassé le niveau de résistance de 1,1350, tant grâce à un repositionnement positif vis-à-vis de la devise que grâce à un dollar faible.
Cette semaine, l’attention des marchés glissera probablement des données au contexte géopolitique. La tension entre les États-Unis et l’Iran est un facteur aléatoire (négatif). Les marchés attendent cependant surtout le sommet du G20 à Osaka. Par le passé, les réunions du G20 étaient souvent un événement ennuyeux, se soldant par un texte de compromis propre à satisfaire tous les participants. Mais cet “événement de compromis” quelque peu terne n’en est plus un depuis que le président Trump y participe. Il monopolisera à nouveau toute l’attention. Et outre la réunion formelle du G20, les marchés guettent en premier lieu la rencontre entre le président Trump et le président chinois Xi Jinping. Les deux dirigeants jugent finalement utile de se rencontrer, ce qui a inspiré un optimisme prudent aux marchés. Un accord commercial sino-américain abouti est encore loin, mais pourrait-on espérer un cessez-le-feu prolongé?
En plus de la rencontre entre Xi Jinping et Trump, la position américaine générale au forum du G20 vaut la peine d’être observée. Car les États-Unis ne s’opposent pas seulement à la Chine. Contrairement au passé, pour les États-Unis, le G20 est de moins en moins une occasion de parvenir à un compromis multilatéral général parfois laborieux et de plus en plus un lieu où exposer ses propres griefs, tant vis-à-vis de ses rivaux classiques que de ses “alliés”. Sur les sujets économiques, Trump reprendra probablement sa rhétorique contre la faiblesse artificielle, selon lui, des devises de (nombre de) ses partenaires commerciaux. Dernièrement, le dollar a déjà reculé par anticipation d’une politique des taux plus souple de la Fed. À court terme, il n’y a pas vraiment d’argument convaincant en faveur d’un renforcement marqué de l’euro; mais si les États-Unis remettent en question la “strong dollar policy” classique lors de ce forum mondial, cela n’échappera probablement pas aux marchés. Ces derniers jours, le cours EUR/USD a évolué relativement vite et normalement, il y aurait lieu de s’attendre à un répit. Mais à l’approche du sommet du G20, nous demeurons toutefois très prudents à l’égard de la devise américaine. Le prochain point de référence technique est 1,1448 EUR/USD. Le plus haut de l’année pour 2019 se situe à 1,1570.