Le marché s'attend à ce que la Fed ne tarde pas à (devoir) intervenir

Les marchés

L'évolution des marchés est passée ces derniers jours à la vitesse supérieure.
Depuis le virage amorcé par la Fed au premier trimestre avec l'annonce d'une longue pause, le marché n'a pas mis longtemps à y voir la fin du cycle haussier des taux d'intérêt. Aux yeux du marché, la prochaine étape serait probablement un abaissement des taux. Jerome Powell et les siens ne s'étaient pas encore ralliés à ce scénario, préférant rester dans l'expectative et décider par la suite en fonction des statistiques. L'économie américaine ne se portait en effet pas si mal. L'attitude neutre de la Fed a retenu le marché d'anticiper trop rapidement sur un abaissement des taux.

Depuis début mai, cependant, les choses s'accélèrent. Le président Trump souhaite depuis longtemps que la Fed donne un coup de pouce à "son" économie à travers un abaissement des taux. Rien ne permet d'établir si le nouveau rebondissement du conflit commercial avait ou non pour but de forcer la main aux banquiers centraux. Mais le fait est que Donald Trump est arrivé à ses fins. Depuis qu'il a violé la trêve conclue dans le cadre du conflit commercial avec la Chine, le marché est de plus en plus convaincu que l'économie mondiale en subira inévitablement des dommages considérables et irréversibles. La Chine et l'Europe ont pour leur part déjà beaucoup souffert de la perturbation des chaînes d'approvisionnement. Et Donald Trump a beau proclamer que les taxes à l'importation, par le biais de divers canaux, sont une bénédiction pour l'économie américaine, le marché, lui, en est arrivé à une conclusion bien différente. L'annonce par Donald Trump de barrières douanières à l'encontre du Mexique dans le cadre du conflit en matière d'immigration a été la semaine dernière la goutte qui a fait déborder le vase. Si la plus grande économie au monde, et jusqu'il y a peu le plus grand défenseur du libre-échange, se met à utiliser les taxes et d'autres restrictions commerciales comme des armes politiques, c'est que la réalité économique a bien changé. Les retombées économiques de cet ordre ne s'estompent pas du jour au lendemain. La confiance en nombre d'évidences se perd, et beaucoup d'entreprises se mettent à reconsidérer leur modèle d'activité et leurs décisions d'investissement. À terme, la croissance américaine s'en ressentira immanquablement. La question n'est donc plus de savoir SI la Fed va (devoir) voler à la rescousse de l'économie, mais QUAND et dans quelle mesure. Pour l'instant, le marché table déjà sur deux à trois abaissements des taux d'ici la fin de l'année. D'autres pourraient suivre l'année prochaine.
La tendance baissière qui s'est emparée des taux américains entraîne dans son sillage les taux d'intérêt du monde entier. Le taux allemand à 10 ans est dans l'intervalle retombé lui aussi à son plancher historique de -0,20%. Les marchés y voient la fin non seulement du cycle des taux, mais aussi du cycle économique.

Les marchés des changes restent relativement paisibles en comparaison du repositionnement abrupt des bourses et du marché des taux. Jusqu'il y a peu, le dollar conservait le bénéfice du doute grâce à la vigueur plus marquée de la croissance américaine, au soutien des taux d'intérêt et au statut de valeur refuge de la devise. Mais le voilà à présent soudain privé du soutien des taux d'intérêt. Et l'on peut aussi se demander dans quelle mesure la politique de "chantage" de Donald Trump justifie encore à terme le statut de valeur refuge. Malgré tout, les dégâts restent jusqu'ici limités pour le dollar. Le différentiel EUR/USD a cessé de diminuer, mais sans plus. Actuellement, il évolue toujours dans les limites de la fourchette de 1,1100/1,1265. Le malaise du dollar n'est pas plus grand que celui de l'euro. La perte du soutien des taux d'intérêt ne suffira pas à faire s'effondrer le billet vert. Cette situation pourrait cependant changer si Donald Trump se met à utiliser "sa devise" comme arme dans le cadre du conflit commercial. L'ère Trump fait vaciller pour ainsi dire toutes les certitudes. La "force du dollar" n'y fait pas exception, surtout si le président américain y voit un intérêt.
 

Figure - Taux américain à 2 ans: la Fed ne va pas tarder à (devoir) intervenir

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