La Banque du Canada temporise à son tour

Les marchés

Lors de sa réunion d'avril hier, la Banque du Canada (BoC) a laissé son taux directeur inchangé à 1,75%. Une décision qui n'a rien de surprenant étant donné les doutes qui planent sur l'économie mondiale et le récent revirement opéré par beaucoup d'autres banques centrales. Dans le communiqué, les termes "hausses de taux futures" ont été supprimés par prudence. Le cycle de resserrement, entamé par la BoC en 2017, est ainsi mis entre parenthèses, du moins provisoirement. La banque a donc décidé d'adopter une approche attentiste, comme la plupart de ses consœurs depuis le début de l'année.

La Banque du Canada a donc adopté une posture plus prudente et elle a ses raisons. Elle a notamment une nouvelle fois revu sa prévision de croissance pour 2019 à la baisse, à 1,2%. En octobre de l'année passée, elle tablait encore sur 2,1%, taux qu'elle avait ensuite déjà ramené à 1,7% en janvier. La banque centrale pointe surtout le ralentissement de l'économie mondiale et le manque de tonus dans les secteurs pétrolier et immobilier. Elle a également abaissé ses prévisions concernant la consommation et les investissements des entreprises. En revanche, elle a revu sa prévision d'inflation pour 2019 à la hausse, de 1,7% à 1,9%, notamment en raison de l'augmentation des taxes énergétiques. Les projections pour 2020 et 2021 demeurent quant à elles inchangées, à respectivement 2,1% et 2,0%, soit proches de l'objectif de 2,0%.

Malgré la révision à la baisse de la prévision de croissance et la suppression de la référence à des hausses de taux futures, la BoC met tout en œuvre pour paraître encore positive. Elle continue ainsi de qualifier les facteurs qui freinent l'économie de temporaires. Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, le gouverneur de la banque, Stephen Poloz, a déclaré que, si les prévisions actuelles étaient correctes, la probabilité d'une hausse de taux était plus importante que la probabilité d'une baisse. La fourchette cible du taux neutre a cependant été abaissée de 25 points de base à 2,25%-3,25%.

Si la balance penchait encore du côté positif lors des précédentes réunions, elle est devenue aujourd'hui complètement neutre. C'est la raison pour laquelle la BoC a décidé de supprimer la référence à des hausses de taux futures dans sa déclaration de politique. Malgré l'optimisme affiché par Poloz, le marché évalue d'ores et déjà la probabilité d'une première baisse de taux à l'automne de cette année à 35%. Et ils sont plus de 90% à anticiper un assouplissement au premier trimestre de 2020. Le marché ne s'attend donc pas uniquement à la fin du cycle de resserrement monétaire, mais table aussi sur une inversion du mouvement dans les 12 prochains mois.

Dans ce contexte, le dollar canadien a perdu 0,50% par rapport à son équivalent US. En début d'année, la monnaie canadienne montrait pourtant encore des signes de reprise, profitant notamment de la hausse des prix pétroliers. Le regain de prudence affiché par la Banque du Canada depuis lors et confirmé hier a totalement changé la donne. Le cours USD/CAD pourrait désormais de nouveau converger vers les niveaux de fin 2018 (1,365).
 

Figure - USD/CAD : le loonie perd à nouveau du terrain en raison de la posture plus prudente de la Banque du Canada.

Source: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

L'éclaircie se poursuit au-dessus du marché du logement européen

L'éclaircie se poursuit au-dessus du marché du logement européen

La RBNZ accélère son virage politique

La RBNZ accélère son virage politique

Le nouveau premier ministre Ishiba laisse peu de choix à la BoJ

Le nouveau premier ministre Ishiba laisse peu de choix à la BoJ

Le patron de la NBP change son fusil d’épaule

Le patron de la NBP change son fusil d’épaule