Aide inattendue
À la fin de la semaine dernière, les marchés ont mis, au moins temporairement, leurs scénarios de croissance les plus pessimistes de côté. Une fois n'est pas coutume, ce ne sont pas les suspects habituels qui ont sonné le changement. Pas question donc de BCE, de Fed, de payrolls américains ni encore d'indicateurs PMI de confiance des entreprises, mais bien... des chiffres mensuels chinois de la croissance monétaire et de l'octroi de crédits!
Le fort rebond des chiffres chinois peut indiquer une reprise de la demande intérieure. En outre, les données commerciales chinoises annoncées plus tôt dans la journée étaient déjà étonnamment fortes. Les exportations (exprimées en dollars) ont augmenté de 14,6% en glissement annuel, après avoir chuté en février. Des chiffres solides qui ont au moins le mérite de balayer la question de la santé de l'économie chinoise. La stimulation monétaire et fiscale sélective des autorités porte peut-être tout doucement ses fruits. Ces résultats mensuels volatils de la Chine doivent cependant être envisagés avec la plus grande prudence. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Ils devront donc être confirmés, peut-être mercredi déjà, avec une première estimation des chiffres du PIB du premier trimestre, des chiffres de la production industrielle, des ventes au détail et des investissements des entreprises (mois de mars).
Résultats mensuels ou pas, le marché a réagi. Et comment! Les obligations souveraines allemandes et américaines en ont pâti et ont été en proie aux prises de bénéfices. La tendance haussière des cours obligataires (ou baissière des taux) observée depuis octobre dernier est à présent aussi sous pression en Europe. Sur base journalière, les taux allemands ont gagné 7 points de base sur la partie longue de la courbe. Sur le marché des changes, la balance penche toujours un peu plus en faveur de l'euro. La semaine dernière déjà, nous pointions la singulière fluctuation journalière du rapport EUR/USD après une réunion de politique de la BCE étonnamment accommodante. La faiblesse théorique de l'euro avait alors été particulièrement fugace. Le revirement positif dans le sentiment de risque a poussé le cours EUR/USD au-delà du cap de 1,13, l'éloignant ainsi encore un peu plus de la zone de support cruciale juste en dessous de 1,12.
Les investisseurs entament la nouvelle semaine dans une attitude plutôt attentiste. Les marchés chinois et américains ont à nouveau apporté leur lot de bonnes nouvelles, mais la réaction de la bourse chinoise suggère qu'il y a peu de marge de manœuvre de son côté. Les bourses chinoises ont dû quasiment entièrement renoncer à des bénéfices d'un pour cent et demi dans les dernières heures de négociation.
Cette semaine, outre vers les résultats de la Chine, les regards seront entre autres tournés vers les indicateurs PMI de confiance des entreprises européennes, le meilleur instantané possible de la situation économique dans la zone euro. Le marché s'attend à une stabilisation, mais nous restons prudents. Les composantes avancées de l'indicateur telles que les commandes (à l'exportation) pointaient en mars un nouvel affaiblissement. Enfin, la saison des résultats est en vue. La banque d'affaires américaine JP Morgan Chase en a donné un coup d'envoi positif vendredi et renforçait l'amélioration du sentiment. Nous attendons avant tout de savoir comment les entreprises envisagent leur avenir économique. Nous vous en donnerons un avant-goût détaillé dès demain.