L'économie américaine conserve son dynamisme
La haute conjoncture américaine est en bonne voie pour battre un record de durée historique. Cependant, la croissance américaine s'essouffle. Les analystes s'accordent actuellement à dire que l'économie américaine est appelée à ralentir en 2019 et les années suivantes. L'économie américaine suit et détermine ainsi la tendance conjoncturelle internationale. Après une période d'expansion aussi longue, ce refroidissement de l'économie américaine s'inscrit dans la logique économique. Il pourrait d'ailleurs s'agir d'une correction saine pour éviter une expansion excessive suivie d'un atterrissage brutal. La conjoncture américaine présente néanmoins encore nombre d'éléments positifs qui indiquent que même la fin du cycle nous réserve une croissance méritoire.
L'économie américaine s'est montrée particulièrement vigoureuse en 2018. Avec une croissance réelle de 2,9% du PIB, les États-Unis distancent allègrement les autres économies occidentales. La désynchronisation par rapport à la conjoncture européenne, surtout, est frappante. Alors que la croissance économique américaine s'est accélérée en 2018 par rapport à 2017, l'Europe, elle, a connu une nette contraction. La performance américaine a certes bénéficié du soutien des incitants fiscaux de l'administration Trump, mais elle a aussi tiré profit des effets d'anticipation dans le cadre du conflit commercial. Principalement au deuxième trimestre de 2018, les exportations américaines ont connu une évolution exceptionnellement favorable. Or, il s'agit dans les deux cas d'effets temporaires appelés à s'estomper en 2019. En soi, ce constat suffit donc déjà à expliquer la croissance inférieure attendue pour 2019.
Le marché du travail joue un rôle prépondérant dans la croissance de l'économie américaine. Depuis la crise financière, le taux de chômage américain a diminué dans des proportions impressionnantes. Théoriquement, un taux de chômage de 3,8% (février) correspond au plein emploi. Malgré tout, la création d'emploi s'est poursuivie ces derniers mois, moyennant il est vrai une déception en février (seulement 20.000 emplois créés). Nous saurons cette semaine si le mois de mars aura permis de rectifier le tir. En dépit des statistiques favorables du chômage et de la création d'emploi, le marché du travail américain renferme toujours un potentiel de croissance non négligeable. Le taux de participation a en effet à peine progressé ces dernières années et n'affiche d'ailleurs pas un niveau exceptionnellement élevé en comparaison des autres pays occidentaux (voir graphique). Autrement dit, ce n'est pas le marché du travail qui bridera la croissance de l'économie américaine.
D'autres indicateurs sont également révélateurs de la vigueur de l'économie américaine. Les exportations, notamment, tiennent bon en dépit des tensions commerciales internationales. Nous relevons certes ces derniers mois un léger recul en glissement mensuel, mais les exportations de janvier 2019 affichaient toujours un niveau de 3,5% supérieur à celui d'un an avant. Le taux d'utilisation des capacités dans l'industrie est d'un peu moins de 80%, alors qu'il était nettement supérieur durant les années qui ont précédé la crise. La production industrielle est également restée à niveau ces derniers mois et laisse même toujours entrevoir une progression. Autant dire que nombre de signaux tendent à confirmer la bonne santé de l'économie américaine.
Si l'abandon relativement abrupt, par la Fed, de sa tentative de normalisation monétaire peut être vu comme une manière d'anticiper un affaiblissement de l'économie, il s'agit aussi d'un stimulant. L'incitant fiscal lancé en 2018 a engendré à court terme une expansion un peu trop vigoureuse dont les États-Unis paieront le prix dans les années à venir. Toutefois, pour autant que le contexte international nous réserve lui aussi une évolution favorable — incluant la conclusion d'un accord commercial avec la Chine et une relance prudente de l'économie européenne —, l'économie américaine pourrait encore finir l'été en beauté.