Le coronavirus cause un rollercoaster sans précédent

Opinion économique

La crise du coronavirus fait un grand nombre de victimes, mais elle a aussi un impact important sur l’économie. À la demande explicite de nos clients, KBC Economics propose cette mise à jour des perspectives économiques. Nous sommes conscients que cette estimation numérique, plus encore qu’en temps normal, est incertaine. Néanmoins, nous voulons apporter de nouvelles perspectives économiques. Elles tiennent compte des derniers développements concernant la propagation et l’impact médical du virus Covid-19 et des réponses politiques visant à atténuer l’impact sur la santé de l’économie. Dans notre analyse, nous prenons en compte plusieurs scénarios possibles. Nous expliquons ici notre scénario de base. Nous y attribuons actuellement une probabilité de 50 %. Nous discutons également de certains facteurs de risque, tant positifs que négatifs.

Scénario de base

Notre scénario de base suppose que les mesures de quarantaine actuelles seront maintenues dans presque tous les pays européens et aux États-Unis. Le bilan humain élevé du virus Covid-19 rend peu probable un relâchement rapide des mesures de précaution de la part des gouvernements. Après tout, la recherche de tests à grande échelle pour identifier les personnes malades n’en est qu’à ses débuts. En outre, la recherche de la vaccination prendra très probablement beaucoup plus de temps. Pour l’instant, nous constatons également que la société accepte les décisions du gouvernement, clairement et ouvertement conseillé par des spécialistes médicaux. Pour ces raisons, il nous semble nécessaire, mais aussi plausible, que les mesures de quarantaine se poursuivent pendant un certain temps encore. Toutefois, l’assouplissement responsable pourra être mis en œuvre progressivement.

Ces hypothèses sur la politique de prévention ont des implications économiques. Le déclin drastique de l’activité économique dû aux fermetures d’entreprises, à la forte hausse du chômage (temporaire) et aux perturbations des chaînes de production internationales et nationales se poursuivront pendant encore quelques semaines au moins. Plus précisément, nos simulations sont basées sur l’hypothèse que l’activité économique ne se redressera pas avant le troisième trimestre. En conséquence, la crise du coronavirus conduira à une très grave récession au cours du premier semestre, bien plus forte que ce que nous et d’autres économistes avions prévu jusqu’à récemment. Mais en même temps, nous sommes également conscients que les mesures de quarantaine ne peuvent pas durer. Nous supposons qu’une période de trois mois (un trimestre) suffira pour contrôler suffisamment l’épidémie et donc pour relancer le moteur économique. Grâce à des mesures gouvernementales de grandes envergures, nous nous attendons à une reprise très forte. Néanmoins, nous constatons des différences entre les pays. La récession touchera tous les pays, mais la vitesse de la reprise sera très variable. Les pays qui disposent d’un pouvoir budgétaire plus important, de stabilisateurs automatiques plus nombreux (comme un système de sécurité sociale solide) et de politiques de crise plus actives connaîtront une reprise plus prononcée.

Sur la base de ces hypothèses, une combinaison d’analyses micro-économiques et de simulations économétriques nous permet d’esquisser une image du cycle économique dans différents pays. Le tableau 1 montre que le déclin en 2020 est historiquement fort. Pour la zone euro, nous prévoyons une contraction de 11,3 %. Pour la Belgique, nous prévoyons une baisse légèrement plus faible de 9,5 %, car la moyenne de la zone euro est fortement influencée par la forte baisse en Italie et en Espagne, où le virus frappe plus durement. La reprise sera beaucoup plus forte en Belgique car la Belgique peut en effet compter sur de solides stabilisateurs automatiques et une politique de crise active.

Le fait que la crise du coronavirus provoque une grave récession, suivie d’une forte reprise, est un élément important. Cela implique que l’impact économique durable de la crise du coronavirus sera relativement modéré, au moins pour les économies qui peuvent survivre à la crise temporaire. Cela ne va pas de soi pour les entreprises financièrement plus faibles, mais aussi pour les familles et les individus. La crise du coronavirus va donc frapper durement, mais de manière sélective. Les mesures gouvernementales devraient principalement viser à surmonter la période de crise, ce qui est évidemment mieux (et moins cher) pour ceux qui disposent d’une base financière-économique plus solide.

Dans ce scénario, nous supposons que les banques centrales apporteront un soutien maximal à l’économie par le biais de taux d’intérêt bas, d’un assouplissement quantitatif, d’un apport massif de liquidités et d’un financement monétaire (de facto) des déficits publics. Plus précisément, nous attendons de la BCE qu’elle maintienne les taux d’intérêt directeurs au niveau négatif actuel. Comme annoncé récemment, elle va, comme la Réserve fédérale, acheter des obligations sans limite de durée. En conséquence, la BCE contrôle de facto la totalité de la courbe des taux d’intérêt et les écarts de taux d’intérêt entre les États membres de la zone euro. Par conséquent, les taux d’intérêt à long terme resteront également bas, ce qui facilitera le financement des gouvernements et des entreprises. Les décideurs politiques ont clairement tiré les leçons de la Grande Récession d’il y a dix ans.

 

Risques

Ce scénario de base est soumis à des risques de hausse et de baisse. À mesure que des solutions seront disponibles pour réduire plus rapidement et plus radicalement les mesures de quarantaine, les dommages économiques seront moins importants, mais toujours substantiels. Mais fondamentalement, la récession et la reprise suivent le même schéma que dans notre scénario de base. Dans un tel scénario, nous prévoyons que la Belgique connaîtra une croissance de -5% en 2020 et une reprise de 6% en 2021. Le déclin de la zone euro sera alors de 6% en 2020, avec une reprise de 6,5% en 2021. La leçon à tirer de ces simulations est donc que l’impact économique à long terme est assez similaire, quelle que soit la profondeur de la récession dûe au coronavirus. Toutefois, le maintien ou non des mesures de quarantaine pendant une période plus longue peut faire toute la différence pour l’économie à court terme.

Néanmoins, nous ne devons pas ignorer le risque d’un contrôle insuffisant du coronavirus et de mesures insuffisantes pour amorcer une normalisation de l’activité économique. Les spécialistes envisagent un scénario dans lequel les périodes avec et sans mesures de quarantaine alterneront. La pression sur le système de santé restera ainsi sous contrôle, mais les conséquences économiques se feront sentir à plus long terme. Dans un tel scénario, on obtient une grande fluctuation de la dynamique économique à un faible niveau. Cela continuera jusqu’à ce qu’un vaccin approprié contre le virus covid-19 soit trouvé, probablement dans un délai d’un an et demi au plus tôt, selon les spécialistes. Dans un tel scénario, nous nous attendons à ce que l’économie belge se contracte de 13,2 % en 2020 et de 3,2 % supplémentaires en 2021. Pour la zone euro, nous assisterons alors à une contraction de 14 % cette année et de 3,2 % l’année prochaine.


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