La vie associative mérite d'être soutenue dans les moments difficiles du coronavirus
L'impact de la crise du coronavirus est également fortement ressenti dans la vie associative en Belgique. De nombreuses activités n'ont pas pu et ne peuvent toujours pas avoir lieu, ce qui a souvent de graves conséquences opérationnelles et financières pour les associations. Les associations ont toujours été un pilier important du tissu social et économique. C'est pourquoi elles méritent le soutien nécessaire du gouvernement pour garder la tête hors de l'eau à court terme. Cependant, la crise du coronavirus exige que les associations et leurs organisations faîtières réfléchissent par elles-mêmes à la manière dont elles peuvent se rendre plus résistantes et plus pérennes. Cela implique, entre autres, la recherche de modèles de rémunération alternatifs et réalisables.
Depuis mars, la Covid-19 a eu un impact majeur sur la vie socio-économique. L'attention est principalement axée sur l'impact de la crise sur l'activité économique et sur les secteurs (restauration, événements,...) et les groupes sociaux spécifiquement touchés (personnes qui perdent leur emploi, enfants en difficulté d'apprentissage,...). Plus largement, cependant, la crise du coronavirus a également un impact majeur sur la manière dont les citoyens interagissent (ou sont capables d'interagir) les uns avec les autres dans l'espace public (société civile). Outre les relations avec la famille et les amis au sens large, cela concerne une multitude d'associations qui jouent souvent un rôle socio-économique important.
Une vie associative très développée
La Belgique a toujours été riche d'une vie associative florissante. Les chiffres pour l'ensemble du pays ne sont pas disponibles. L'enquête annuelle SCV (Socio-Cultural Shifts) en Flandre montre que la participation et l'engagement dans les associations restent assez stables dans le temps. Au cours des quinze dernières années, plus de la moitié des Flamands âgés de 18 à 75 ans étaient membres actifs d'une association, un quart d'au moins deux associations. Au total, il y a plus de 45 000 associations enregistrées en Flandre. Un peu plus de la moitié sont des clubs sportifs (un quart de la population en est membre), plus d'un quart sont des associations socioculturelles ou de loisirs (comme les clubs de loisirs, les clubs d'art, les clubs nature, les clubs de service ou les associations de groupes cibles pour les retraités, les femmes, les parents, les quartiers,...). Les quelque 2.500 mouvements de jeunesse locaux en Flandre (chiro, scouts, KSA, KLJ,...) forment un grand groupe spécifique avec un total de plus de 250.000 membres.
Un tissu socio-économique sain nécessite une vie associative forte. Selon les recherches sociologiques et économiques, il existe trois influences positives importantes. Premièrement, il existe un lien entre une vie associative solide et une démocratie qui fonctionne bien, en stimulant la cohésion sociale, l'engagement social et la confiance. Être membre d'une association rend les gens moins individualistes et ethnocentriques. Cela favorise la tolérance et le soutien mutuel dans la société et crée des valeurs et des normes communes. Deuxièmement, il apparaît que les personnes qui sont actives dans une association sont plus positives dans la vie et plus satisfaites de leur temps libre. Cela est dû aux avantages sociaux sous forme de sens, de bien-être psychologique, de sociabilité et d'implication. Les associations sont donc un bon remède à des problèmes tels que la solitude ou la dépression.
Troisièmement, outre leur importance sociale, les associations ont également une place et une influence importantes dans la vie économique. Dans le cadre du secteur non lucratif et de l'économie sociale, elles emploient un grand nombre de personnes, principalement sous la forme d'organisations à but non lucratif. Selon la Fondation Roi Baudouin, 10 688 associations en Belgique employaient près de 330 000 personnes fin 2017. Une étude réalisée par la fondation en 2005 montre que la valeur ajoutée économique de la vie associative en Belgique est comparable à celle du secteur de la construction. Outre son impact direct, le capital social fourni par les associations semble également être un facteur majeur de croissance économique. En effet, le capital social augmente l'efficacité grâce à une plus grande confiance, à l'existence de réseaux et à une meilleure communication et diffusion de l'information.
Problèmes financiers
En raison de la crise du coronavirus, une grande partie de la vie associative en Belgique s'est également arrêtée. Les agendas remplis d'activités ont été vidés. Sans aucun doute, de nombreuses associations se sont retrouvées dans une situation financière difficile. Outre les cotisations des membres, les subventions et les dons des pouvoirs publics, de nombreuses associations tirent leurs revenus d'activités commerciales ou autres (vente de boissons, soirées de quiz, porte-à-porte, fêtes, spectacles, etc.) et voient aujourd'hui leur activité fondre comme neige au soleil. Leur parrainage par les entreprises peut également diminuer parce qu'elles doivent désormais placer leurs priorités financières ailleurs.
Une enquête périodique réalisée par Ipsos et Idea Consult montre que ces dernières années, une à deux associations sur dix ont déjà été confrontées à des problèmes financiers. Seul un quart d'entre elles disposerait d'une réserve de plus de six mois en cas de disparition soudaine des revenus actuels. Une sur trois n'a aucune réserve financière. La crise actuelle menace maintenant de tuer de nombreuses associations. Depuis la réforme du droit des sociétés, les organisations à but non lucratif sont également considérées comme des entreprises. L'avantage est qu'elles peuvent faire appel à des bouées de sauvetage dans le cadre de procédures d'insolvabilité. La mauvaise nouvelle, c'est que désormais, elles peuvent également être déclarées en faillite.
Soutenir et aussi se mettre à l'épreuve de l'avenir
Les mesures prises par les autorités fédérales et régionales pour faire face aux conséquences du covid-19 ont été largement ignorées par les associations. Le gouvernement flamand a mis une fois 87,3 millions d'euros à la disposition des villes et des municipalités pour soutenir les associations sportives, de jeunesse et culturelles. Ces fonds peuvent être utilisés librement par les autorités locales de leur choix et sont importants pour donner un supplément d'oxygène aux activités des associations sur une base temporaire et ponctuelle (par exemple, la renonciation au loyer des infrastructures de sport et de loisirs). Il faut en faire plus pour assurer un fonctionnement durable et offrir une perspective à plus long terme. Les plans de relance que les autorités mettront en place pour faire face aux conséquences de la crise du coronavirus ne doivent pas négliger la vie de club. En outre, étant donné ses liens étroits avec le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et de la culture, tout soutien au secteur bénévole apportera également un soutien indirect aux secteurs de l'économie qui ont été durement touchés.
Toute aide supplémentaire devrait de préférence être dirigée à partir du niveau local et devrait être conditionnée à une rentabilité maximale (par exemple, le recrutement de nouveaux membres, l'ouverture aux groupes vulnérables, etc.) D'autre part, les associations ne doivent pas devenir trop unilatéralement dépendantes de la bonne volonté et du soutien du gouvernement pour garantir leur fonctionnement à court et à long terme. Il est important que les associations et leurs organisations faîtières supra locales réfléchissent soigneusement à la manière de s'organiser et de se financer de manière optimale. La crise du coronavirus accentue le défi pour les associations de se rendre résistantes et à l'épreuve du temps. Cela nécessite, entre autres, la recherche de modèles de rémunération alternatifs et réalisables. Un bon exemple de cela est la plateforme Trooper, une start-up créée au sein de la communauté Startit@KBC. Le principe est simple : chaque fois que vous achetez en ligne via Trooper, environ 5 % du montant de l'achat est versé à une association de votre choix, sans que cela ne coûte quoi que ce soit à l'acheteur. Au cours des trois dernières années, plus de 2 millions d'euros ont déjà été donnés via Trooper à quelque 6 800 associations affiliées.
Il est très important que les associations puissent continuer à jouer leur rôle social à l'avenir. Mettre les gens en contact avec les autres est l'une des plus belles choses de la vie. Le capital social qu'elle construit non seulement favorise la cohésion de la société, mais jette également les bases d'une économie forte et durable.