La globalisation: un autre aspect de la solution à la problématique climatique

Opinion économique

La globalisation économique est en partie responsable de la problématique climatique, mais elle peut aussi contribuer à y remédier. La globalisation accélère en effet la diffusion de technologies respectueuses du climat par l'intermédiaire des réseaux mondiaux de l'industrie, des flux de capitaux et de la recherche et du développement. En outre, la diffusion de nouvelles technologies facilite le monitoring et augmente la transparence des mesures climatiques. Le défi consiste donc à rendre la globalisation économiquement et écologiquement intéressante. L'objectif n'est pas évident, mais il est nécessaire.

 

Le changement climatique et le réchauffement de la planète sont aujourd'hui - à juste titre - des sujets d'actualité. Dans son Global Risk Report annuel (2019), le Forum économique mondial (FEM) classe l'échec de la lutte contre le changement climatique et ses conséquences, telles que les conditions climatiques extrêmes, parmi les risques les plus élevés et les plus probables auxquels le monde pourrait être exposé au cours de la prochaine décennie. La globalisation économique est souvent citée comme l'une des causes de la problématique climatique actuelle. Or, elle pourrait aussi contribuer à y remédier.

La globalisation est responsable

La globalisation économique est un concept multidimensionnel. Elle désigne le déploiement et la répartition des biens et des services, des personnes, des connaissances et des capitaux par-delà les frontières nationales. Le concept suscite régulièrement la controverse. Ses défenseurs soulignent l'étendue de l'offre de biens et de services de consommation, les gains d'efficacité consécutifs à la spécialisation des produits et à la diffusion du progrès technologique, alors que ses détracteurs lui imputent l'inégalité croissante des revenus et la destruction d'emplois. La globalisation économique est également considérée comme partiellement responsable du changement climatique et de la problématique environnementale.

S'il est difficile de chiffrer l'impact exact de la globalisation sur le climat, leur indissociabilité est évidente. L'impact négatif de la globalisation sur le climat passe principalement par l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Les principales sources directes d'émissions de gaz à effet de serre sont l'approvisionnement en électricité, la production industrielle et les transports. Or, ces activités ne s'arrêtent pas sans la globalisation. La tendance à la globalisation au XXe siècle et surtout au cours des dernières décennies a toutefois contribué à leur accélération mondiale. La globalisation s'est accompagnée d'une multiplication des réseaux de transport routier, ferroviaire, maritime et aérien à l'intérieur et à l'extérieur des frontières nationales. L'essor du commerce et des investissements internationaux a en outre stimulé l'activité industrielle mondiale.

Ce mouvement s'est accompagné d'une augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre, quoique à un rythme plus lent (figure). Les régions développées comme les États-Unis et l'Europe ont d’abord été les principaux pollueurs, mais les économies émergentes comme la Chine sont désormais les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Une part considérable de la production économique mondiale s'est en effet déplacée vers ces pays, où les normes environnementales sont souvent moins strictes.

Figure - Commerce mondial et émissions de gaz à effet de serre (indice 1970 = 100)

Source: KBC Economics d'après UNCTAD, JRC EDGAR

Mais fait aussi partie de la solution

La globalisation économique a donné lieu à de nombreux développements positifs, mais sa contribution (négative) à la problématique climatique est indéniable. Cela ne signifie toutefois pas que la globalisation et la protection du climat sont incompatibles. Il ne fait aucun doute que la production et le transport de marchandises devront à l'avenir se faire de manière plus durable. Des accords à l'échelle mondiale et un contrôle du respect de ces accords sont absolument nécessaires. D'un point de vue macroéconomique, dans un monde idéal, les externalités négatives du transport et de la production sont éliminées ou compensées - par la fixation des prix? - sans annuler les effets positifs du libre-échange international. La mise en œuvre de ces mesures, ainsi que l'introduction d'autres moyens de lutte contre le changement climatique, tels que les politiques publiques, les changements de comportement des particuliers, etc. est toutefois laborieuse. Les problèmes mondiaux complexes à long terme sont généralement moins prioritaires pour les décideurs, qui ont tendance à se concentrer sur des thèmes nationaux plus aigus, pour lesquels des résultats visibles peuvent être obtenus rapidement.

La globalisation peut en revanche également contribuer à remédier à la problématique climatique. La diffusion de technologies vertes ou respectueuses du climat est facilitée par les réseaux mondiaux de l'industrie, des flux de capitaux et de la recherche et du développement. En outre, la diffusion rapide des améliorations technologiques permettra également de mieux contrôler et de mieux rapporter les diverses actions pour le climat (ou leur absence). Cette transparence accrue augmentera la prise de conscience climatique mondiale et renforcera la pression d'agir. Afin de gérer en profondeur la problématique climatique, une coopération étroite entre les acteurs publics et privés sera nécessaire. De nouvelles plateformes de coopération transfrontalières sont en outre indispensables. La globalisation facilite ce processus. Le système communautaire d'échange de quotas d'émission (SCEQE) est également un bon exemple de la manière dont la globalisation peut contribuer à des solutions climatiques conformes aux mécanismes du marché.

Il importe en outre de prendre davantage en compte la répartition des avantages et des coûts de la globalisation économique. De nombreux pays en développement sont aujourd'hui les plus durement touchés par le réchauffement de la planète, alors qu'ils profitent relativement peu des avantages de la globalisation. Or, il serait exagéré de jeter le bébé avec l'eau du bain et d’inverser la globalisation économique car ses effets positifs mondiaux sont considérables car ses effets positifs mondiaux sont considérables. Le défi consiste donc à rendre la globalisation économiquement et écologiquement intéressante. L'objectif n'est pas évident, mais il est nécessaire.

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