Le cobalt vaut de l'or mais il nécessite une approche globale durable

Le cobalt est un élément essentiel des batteries qui, à l'avenir, équiperont les voitures électriques. On assiste actuellement à une lutte impitoyable autour de l'accès au cobalt, tant sur le plan économique que politique. Cette lutte, qui donne lieu à des abus, menace de ralentir les développements écologiques. Le négoce du cobalt a besoin d'une approche globale durable qui profitera à l'économie mondiale, notre environnement et tous les acteurs concernés.

Voitures vertes

Selon de nouvelles recherches américaines, les calottes glaciaires fondent plus vite que ce que l'on pensait jusqu'ici. Le niveau de l'eau risque dès lors d'augmenter plus rapidement et les côtes d'Europe occidentale s'en trouvent menacées. Peut-être ce message de mauvais augure va-t-il enfin réveiller l'Europe. L'introduction des applications technologiques vertes se fait en effet assez lentement, malgré les déclarations politiques ronflantes et une multitude de bonnes intentions. L'écologisation du parc automobile européen constitue à cet égard une priorité absolue, les voitures étant responsables de la majeure partie des émissions mondiales de CO2 (1/4 environ selon l'International Energy Agency). Les voitures électriques offrent de belles perspectives mais requièrent de nouvelles batteries. Il n'y a pas que les développements technologiques qui représentent un défi : les matières premières nécessaires pour la production de ces batteries aussi. Et le cobalt joue un rôle essentiel à cet égard. Malheureusement, le cobalt est rare et il est de surcroît contrôlé par un nombre limité d'acteurs.

La pénurie comme loi économique

La pénurie est l'un des principaux fondements économiques. En cas de pénurie, les économistes plaident pour un maximum d'efficience. Une utilisation optimale des facteurs de production tels que le travail et le capital maximise la production et le bien-être dans notre économie. Les marchés assurent un équilibre entre l'offre et la demande et une fixation correcte des prix... du moins si les marchés sont véritablement libres.

Un problème se pose à ce niveau-là pour le cobalt, que ce soit du côté de l'offre ou de la demande. Les réserves mondiales de cobalt sont détenues par un nombre restreint de pays et contrôlées de facto par un nombre limité d'entreprises. Son exploitation n'est en outre pas efficiente. Ce sont surtout les mines des pays en voie de développement qui peinent à atteindre leurs objectifs de production, et cette situation risque de poser problème. D'un côté, les offrants sont bien placés pour augmenter les prix. De l'autre, l'accès sélectif au cobalt indispensable crée des positions de force dans tout le réseau économique autour de l'exploitation et de la transformation du cobalt.

Et parallèlement aux difficultés du côté de l'offre, la demande augmente aussi fortement. L'industrie automobile, surtout, a clairement opté pour la voiture électrique. Avant même que la voiture électrique ne perce véritablement, de nombreux producteurs automobiles tentent de sécuriser leur accès au cobalt en signant des contrats à long terme. Car sans cobalt, la production future de voitures électriques sera forcément hypothéquée. En outre, les possibilités de se couvrir contre les fluctuations du prix du cobalt sur les marchés financiers sont plutôt limitées.

Et la pénurie a effectivement un prix. Nous avons vu les prix du cobalt augmenter en flèche ces dernières années. Le prix a doublé, rien qu'en 2017. Le cours du cobalt est influencé en partie par l'évolution du marché pour d'autres métaux. Il faut dire que le cobalt est généralement un produit dérivé des mines de cuivre et de nickel. Le prix du marché du cobalt dépend par conséquent de l'évolution de l'exploitation du cuivre et du nickel.

Dans le même temps, la volatilité est assez forte, ce qui dénote une certaine spéculation sur le marché. Au-delà de la demande de l'industrie, on observe sur le marché un grand nombre d'acteurs poussés par des motivations purement financières. À l'heure actuelle, chacun semble convaincu d'un problème de réserve structurel et la demande de cobalt ne fait donc qu'augmenter.

Risques géopolitiques

Le cobalt n'est disponible qu'à quelques endroits dans le monde. Les principales réserves résident cependant dans un seul pays, à savoir le Congo (voir figure 1). L'histoire nous apprend que les richesses naturelles du Congo ont déjà été responsables de conflits sanglants. Le cobalt n'est pas uniquement à l'origine d'une lutte pour le pouvoir à l'intérieur du pays, mais aussi d'une surenchère internationale dans l'accès aux matières premières stratégiques. La Chine s'est p. ex. engagée activement sur le continent africain, au cours de la dernière décennie, afin de sécuriser son accès à l'énergie et aux matières premières. L'axe Congo (extraction) – Chine (raffinage) joue actuellement un rôle essentiel dans le commerce mondial du cobalt. Cela pourrait contrecarrer les intérêts économiques historiques dans la région. Ce qui constitue à première vue une mine d'or au sens figuré pour la société congolaise démunie, risque à terme de donner lieu à une lutte pour le pouvoir internationale impitoyable.

Figure 1 - Production et réserves estimées de cobalt (en % du PIB)

Source: Eurostat

Affaiblies, les autorités congolaises ne sont malheureusement pas en mesure d'appliquer la même stratégie que les autres pays riches en matières premières. Grâce à des restrictions en matière d'exportations, des pays comme la Russie, la Chine et l'Argentine surveillent leurs réserves stratégiques d'uranium, de chrome, de graphite, et donc de cobalt. Il est donc fort probable que les avantages des généreuses réserves de cobalt ne profiteront pas aux Congolais traditionnels mais plutôt aux investisseurs internationaux et autres acteurs de ce type. Plus encore, il est assez évident que l'exploitation et le travail des enfants sont monnaie courante dans les mines congolaises.

Cobalt : what’s next?

L'intérêt croissant du cobalt pour l'industrie suscite également des réactions positives. Ainsi, l'attention pour le recyclage du cobalt grandit, notamment pour ce qui concerne les anciens téléphones mobiles. Le cobalt est recyclé à l'aide de techniques dites urban mining. D'après de nombreux analystes, comme le recyclage tourne à plein régime, il exerce même une pression baissière sur le prix du cobalt. Ce sera assurément le cas à plus long terme, lorsque les voitures électriques seront également recyclées. C'est comme cela que l'on génère un bel exemple d'économie circulaire.

Het toenemend belang van kobalt voor de industrie lokt ook positieve reacties uit. Zo groeit de aandacht voor de recyclage van kobalt, o.a. uit oude mobiele telefoons. Via urban mining technieken wordt de kobalt gerecycleerd. Doordat de recyclage op volle toeren draait, zet dit zelfs een neerwaartse druk op de kobaltprijs volgens vele analisten. Dit zal zeker het geval zijn op langere termijn wanneer ook elektrische wagens worden gerecycleerd. Op die manier kan hier een mooi voorbeeld van circulaire economie ontstaan.La pénurie actuelle incite également à rechercher des technologies alternatives. La pénurie de cobalt soutient un processus d'innovation continu. Les batteries sans cobalt sont technologiquement difficilement tenables à court terme mais à plus longue échéance, d'autres alternatives pourraient être développées et le marché pourrait donc encore bien changer radicalement. De nombreux pays (UE, États-Unis, Chine, etc.) font de la recherche de nouvelles technologies de batteries une de leurs priorités stratégiques.

Les conditions de marché actuellement difficiles, les positions de pouvoir stratégiques et l'éventuel abus de pouvoir, conjugués à l'incertitude quant à l'avenir, démontrent la nécessité d'une approche internationale durable dans une perspective économique, écologique et humanitaire. Cette approche serait une bonne chose pour la percée des technologies environnementales. De même, la stabilité dans la production industrielle serait assurée en attendant les technologies de batterie alternatives. Et le risque d'abus serait réduit considérablement. Il s'agit là d'une responsabilité commune des institutions internationales, des décideurs politiques et du monde des entreprises. Le cobalt vaut de l'or mais le monde entier devrait pouvoir profiter de cette richesse.

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