Le conflit commercial laisse présager une guerre technologique
Het handelsconflict tussen de Verenigde Staten en China slingert tussen escalatie en ontdooiing. De feiten volgen elkaar razendsnel op. Het besef groeit dat een aanslepend conflict geen winnaars oplevert. Bovendien dreigt verdere escalatie grote schade toe te brengen aan de wereldeconomie. Het toenemend handelsbalanstekort van de Verenigde Staten lijkt de harde handelspolitiek van de Amerikaanse regering te rechtvaardigen. Die interpretatie klopt niet. Fundamenteel gaat het debat niet over vrijhandel, maar wel over technologie. Technologisch leiderschap zal economisch leiderschap bepalen in de toekomst. Daardoor zal de confrontatie tussen China en de Verenigde Staten, en bij uitbreiding de economische machtsstrijd tussen de westerse en opkomende economieën, geen eendagsvlieg zijn maar een jarenlange zoektocht naar een nieuw en werkbaa model voor toekomstige globalisering. Wat we nu meemaken is slechts een voorproefje van de grote uitdagingen die de structurele hertekening van de wereldeconomie met zich meebrengt. Enkel een verbeterde internationale bescherming van intellectuele eigendomsrechten biedt een structurele oplossing.
Envisager la balance commerciale sous un autre angle
Les chiffres récents indiquent que le déficit de la balance commerciale américaine a poursuivi sa progression à 57,6 milliards USD en février 2018. En cause essentiellement, le déséquilibre par rapport à la Chine. Le Président américain Trump a souligné à plusieurs reprises la caractère déloyal de ce déficit. À première vue, cette inquiétude semble justifiée : le déficit de la balance commerciale américaine vis-à-vis de la Chine constitue un problème structurel depuis plusieurs années. Toutefois, la balance commerciale ne constitue pas un indicateur absolu. Une part considérable des exportations chinoises à destination des États-Unis comprend des produits fabriqués par des multinationales américaines établies en Chine, qui sont ensuite exportés vers les USA. Dresser des barrières commerciales vis-à-vis des produits chinois menace ainsi potentiellement les intérêts des entreprises américaines. Même si les augmentations des droits de douane annoncées et futures ne concernent pas, pour l'essentiel, les produits américains « made in China » (ce qui est techniquement possible mais difficile), le conflit commercial actuel pourrait toutefois avoir de lourdes répercussions sur les multinationales américaines actives en Chine. Il ne faut en effet pas exclure que la Chine compliquera l'accès au marché ou les possibilités opérationnelles au détriment des entreprises occidentales par l'intermédiaire de barrières commerciales non tarifaires comme les obligations administratives, les règlements et les procédures de contrôle excessives. Aujourd'hui, la Chine jouit déjà d'une réputation détestable à ce niveau.
Pas le commerce, mais la technologie
Les ripostes relativement timides de la Chine font naître de nombreux espoirs quant à un dénouement rapide du conflit commercial actuel. Cet espoir n'est assurément pas réaliste. Il semble en effet plus probable que le bras de fer se déplacera des questions commerciales vers le cœur du problème, à savoir la technologie. La Chine nourrit en effet des ambitions économiques qui outrepassent largement son rôle d'« usine du monde ». La République populaire veut conquérir une place parmi les grands de la planète en misant davantage sur la production et l'exportation de produits à haute valeur ajoutée. Cette stratégie « made in China 2025 » requiert l'accès à la technologie au sens large du terme : connaissances, innovation en termes de produits et de processus, progrès techniques, etc., et ce, dans de nombreux secteurs.
La Chine cherche à accéder à la technologie par le biais de différents canaux. À un stade de développement précoce, la Chine a recouru à des coentreprises (« joint ventures ») avec des sociétés occidentales pour réaliser le transfert des connaissances. La faible protection de la propriété intellectuelle est, depuis des années, une épine dans l'œil des entreprises occidentales. Leur combat juridique en Chine ne donne guère de résultats dans la pratique. Les principes de droit internationaux, notamment via l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce, fournissent eux aussi une protection insuffisante en pratique. Ces pratiques d'imitation ont progressivement pris des proportions de plus en plus grandes à mesure que de nombreuses sociétés internationales s'établissent en Chine. Le commerce fait office de courroie de transmission pour la technologie. Le Président Trump a expressément renvoyé à l'appropriation illicite de la technologie américaine par les entreprises chinoises. Grâce au coup de pouce apporté par les autorités chinoises sous la forme d'une politique industrielle « China first », les sociétés du pays parviennent à copier et à mettre la technologie étrangère en œuvre à un rythme effréné. Il ne s'agit plus d'une stratégie innocente d'un pays en voie de développement.
Un deuxième volet de la recherche de technologies par la Chine réside dans une politique active de rachat d'entreprises étrangères. Les réactions nerveuses observées dans les pays occidentaux indiquent que personne ne vend aux investisseurs chinois de gaité de cœur mais ces derniers sont souvent disposés à payer le prix fort même s'il n'y a pas d'autres candidats investisseurs, comme ce fut le caslors de crise de la dette européenne. Différentes initiatives ont été prises ou sont à l'état d'ébauche, tant aux États-Unis qu'au sein de l'UE, afin de restreindre l'accès de la Chine aux secteurs technologiques ou stratégiques. Cette attitude protectionniste est compréhensive au vu des intentions chinoises.
La véritable solution
Refuser l'accès à la technologie étrangère ou aux marchés étrangers à la Chine menace de freiner la croissance économique future à travers le monde. Cette piste s'avèrerait un fiasco pour chacun. Une véritable solution au conflit actuel exige une approche plus structurelle.
En principe, la Chine pourrait se résigner face aux augmentations des droits de douane annoncées par l'Amérique. Les tensions devraient s'estomper à mesure que la balance commerciale sino-américaine retrouve l'équilibre. Mais ceci ne constitue pas une solution dès lors que l'on ne s'attaque pas au cœur du problème.
La Chine doit s'engager à mieux protéger la propriété intellectuelle. Jouer un rôle plus proéminent sur l'échiquier économique mondial implique aussi une responsabilité accrue. Le fait d'assurer une protection internationale adaptée de la propriété intellectuelle aura, à terme, un effet bénéfique sur l'innovation et les investissements dans la recherche et le développement à l'échelle de la planète. Cette solution ne va évidemment pas de soi pour la Chine d'un point de vue stratégique et culturel. Il s'agit toutefois de la seule garantie pour jeter équitablement les bases d'une collaboration future et de la poursuite de la mondialisation. La définition de règles de protection solides rend également les futurs investissements chinois en Occident moins sensibles d'un point de vue politique. En échange d'une meilleure protection de la propriété intellectuelle, la Chine peut continuer à accéder à la technologie occidentale et la collaboration technologique entre l'Occident et son allié oriental devient possible.
La modernisation et l'élargissement de l'ADPIC semblent constituer un bon point de départ pour assurer cette protection internationale. L'avantage d'un accord multilatéral s'impose comme une évidence pour tous les pays. D'autres économies émergentes se trouvent en fait dans une situation similaire à la Chine ou s'y retrouveront à l'avenir.
Bien que la solution soit claire, le chemin pour y parvenir est parsemé d'embûches. En l'attente d'une solution structurelle, les conflits comme la guerre commerciale actuelle seront monnaie courante. Les pays occidentaux devront accepter de ne plus être les seuls à édicter les règles du jeu multilatérales tandis que les économies émergentes devront, à tout le moins partiellement, accepter les pratiques traditionnellement en vigueur dans les économies de marché occidentales. Il convient de concilier le meilleur de ces deux mondes de toute urgence.